Hector

Le combat d'Achille et d'Hector.
Le combat d'Achille et d'Hector.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Troyen, fils aîné de Priam et d'Hécube, mais Apollon passe parfois pour son père.

Ne me juge pas, moi, Hector, d'après ce tombeau, ne mesure pas à sa sépulture l'antagoniste de toute la Grèce. L'Iliade, Homère lui-même, la Grèce, les Achéens en fuite, voilà mon tombeau, voilà ceux qui m'ont élevé un monument. Si tu considères le peu de terre qu'on a jeté sur ma cendre, ce n'est pas pour moi une honte, elle a été amoncelée là par les mains ennemies des Grecs.

De tous les Troyens, il est le plus remarquable. Marié à Andromaque, il a un enfant, Astyanax, qu'il appelle également Scamandre parce qu'il croit que ce fils est un don du fleuve qui porte ce nom. Homère présente Hector comme le plus vaillant héros parmi les troyens qui combattent les Grecs. De fait, c'est lui qui, neuf années durant, repousse les assauts ennemis ; et cependant il sent confusément qu'il défend une cause perdue d'avance. Toutefois, une telle conviction ne l'empêche pas, à la vue de son enfant effrayé par ses armes, d'éclater gentiment de rire.

Il se bat courageusement contre Diomède, Ajax Télamon et Ulysse. Enfin il achève le valeureux Patrocle d'abord blessé par Euphorbe – Patrocle, cher à Achille. Ce dernier, qui jusque-là a refusé de prendre part au combat, parce que brouillé avec Agamemnon, sort de sa réserve pour venger son meilleur ami. Hécube et Priam supplient leur fils de renoncer au duel, tant Achille leur paraît invulnérable. Mais l'honneur est le plus fort, d'autant qu'Athéna, protectrice des Grecs, ayant pris l'apparence de Déiphobe, conseille au Troyen de livrer bataille. Son destin est de mourir ; Poséidon assure à Achille qu'il tuera Hector et se couvrira de gloire. Mais Hector lui-même, au moment de sa mort, annonce celle de son meurtrier.

La mort d'Hector signe également la perte de Troie, ainsi que l'a prédit un oracle. Le cadavre d'Hector est humilié par Achille en colère : il lui perce les pieds ; dans les trous, il fait passer une lanière qu'il attache à son char. Il fouette ensuite ses chevaux qui traînent la malheureuse victime dans la poussière.

Finalement, sur ordre des dieux, mais aussi en échange d'argent, Achille consent à rendre à Priam le corps de son enfant, qui a été préservé de la décomposition par Aphrodite.

Hector, à l'instar d'Énée, paraît plus humain, plus « vrai » que les autres héros, tels Achille ou Diomède. Il est généreux, noble, accessible à la tendresse envers sa femme, envers son fils, envers ses parents, respectueux des dieux qui l'aimaient : raison, naissance, et richesse et courage, tout en lui était grand : « Hector bégayait, il était pâle, frisé, il louchait, il était rapide et agile ; son visage était vénérable, il portait une longue barbe, c'était un homme honnête, courageux, au grand cœur, généreux envers ses concitoyens, aimable et enclin à aimer son prochain. »

Un culte lui est rendu en Troade et à Thèbes où, par suite d'un oracle, ses os ont été transportés depuis Ophrynion (Troade).

Variantes : La mort d'Hector

I. Hector, accompagné d'une petite escorte, a quitté la citadelle pour se porter au-devant de l'Amazone Penthésilée, venue avec ses guerrières prêter main-forte aux Troyens. Ayant eu vent de la chose, Achille et quelques fidèles compagnons tendent une embuscade à la troupe ennemie, au cours de laquelle Hector trouve la mort – une mort sans gloire, sans relief, indigne du personnage homérique.

II. Hector meurt en plein combat, alors qu'il défend Troie, seul, avec la meilleure ardeur possible ; ensuite seulement son cadavre est attaché à un char. Hector a trente ans.

III. Devant le carnage qu'Hector fait des Grecs, Achille se dit que cet homme doit mourir. Il le combat donc, le tue, mais, au moment de s'emparer de son cadavre, il en est empêché par le roi Ménon qui le blesse. La dépouille d'Hector est ramenée dans la citadelle. Priam, malgré son âge avancé, se veut le vengeur de son fils : il revêt son armure et sort abattre un grand nombre d'ennemis.

Voir aussi : Colère d'Achille, Colère d'Achille contre Hector

La mort d'Hector

Il brandit sa longue pique, et il la lança ; et elle frappa, sans dévier, le milieu du bouclier du Péléide ; mais le bouclier la repoussa au loin. Et Hector, irrité qu'un trait inutile se fût échappé de sa main, resta plein de trouble, car il n'avait que cette lance. Et il appela à grands cris Déiphobe au bouclier brillant, et il lui demanda une autre lance ; mais, Déiphobe ayant disparu, Hector, dans son esprit, connut sa destinée, et il dit :

— Malheur à moi ! voici que les Dieux m'appellent à la mort. Je croyais que le héros Déiphobe était auprès de moi ; mais il est dans nos murs. C'est Athéna qui m'a trompé. La mauvaise mort est proche ; la voilà, plus de refuge. Ceci plaisait dès longtemps à Zeus et au fils de Zeus, Apollon, qui tous deux cependant m'étaient bienveillants. Et voici que la Moire va me saisir ! Mais, certes, je ne mourrai ni lâchement, ni sans gloire, et j'accomplirai une grande action qu'apprendront les hommes futurs.

Il parla ainsi, et, tirant l'épée aiguë qui pendait, grande et lourde, sur son flanc, il se jeta sur Achille, semblable à l'aigle qui, planant dans les hauteurs, descend dans la plaine à travers les nuées obscures, afin d'enlever la faible brebis ou le lièvre timide. Ainsi se ruait Hector, en brandissant l'épée aiguë. Et Achille, emplissant son cœur d'une rage féroce, se rua aussi sur le Priamide. Et il portait son beau bouclier devant sa poitrine, et il secouait son casque éclatant aux quatre cônes et aux splendides crinières d'or mouvantes qu'Héphaïstos avait fixées au sommet. Comme Hespéros, la plus belle des étoiles Ouraniennes, se lève au milieu des astres de la nuit, ainsi resplendissait l'éclair de la pointe d'airain que le Péléide brandissait, pour la perte d'Hector, cherchant sur son beau corps la place où il frapperait. Les belles armes d'airain que le Priamide avait arrachées au cadavre de Patrocle le couvraient en entier, sauf à la jointure du cou et de l'épaule, là où la fuite de l'âme est la plus prompte. C'est là que le divin Achille enfonça sa lance, dont la pointe traversa le cou d'Hector ; mais la lourde lance d'airain ne trancha point le gosier, et il pouvait encore parler. Il tomba dans la poussière, et le divin Achille se glorifia.

Homère

Le combat d'Achille et d'Hector.
Le combat d'Achille et d'Hector.