Archontes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Magistrats grecs de la cité.
Les plus importantes et les premières en date des magistratures de nombreuses cités grecques sont celles des archontes. L'archontat aurait été institué sous le règne de Médon, selon les uns ; sous celui d'Acastos, selon les autres. Il est admis que cette magistrature a été instituée après le sacrifice du roi Codros.
Voir aussi : Codros
De 1088 à 753 av. J.-C. (dates indicatives), les archontes sont en place pour une durée de dix ans. À partir de 683 av. J.-C., ils occupent leur fonction pour un an. À cette époque, il y a trois archontes : l'archonte éponyme (dit simplement « archonte »), l'archonte polémarque et l'archonte roi. En 682, six archontes sont ajoutés : les thesmothètes. Les archontes sont issus de familles nobles et riches et c'est parmi eux que se recrutent les aréopagites. À l'époque de Solon, pour la désignation des neuf archontes, chaque tribu élit dix candidats, entre lesquels le sort décide.
Le premier, l'archonte éponyme, se tient au prytanée. Il est celui qui donne son nom à l'année. Jusqu'en 487 av. J.-C., il reste le magistrat suprême d'Athènes. Les neuf archontes sont soumis à un examen qui a lieu dans le Conseil des cinq cents : les questions posées à l'examen sont les suivantes : « Quel est ton père, et de quel dème, quel est le père de ton père, quelle est ta mère, quel est le père de ta mère et quel est son dème ? « On lui demande ensuite s'il rend un culte à Apollon Patrôos et à Zeus Herkéios ; où sont les objets de ce culte ; s'il a des tombeaux de famille et dans quel endroit ; s'il se comporte bien à l'égard de ses parents ; s'il paie ses contributions et s'il a fait son service militaire. Quand il a successivement posé ces questions, le président poursuit : « Produis tes témoins. » Quand ceux-ci ont été entendus, le président demande : « Y a-t-il un contradicteur ? » S'il s'en présente un, le président fait entendre l'accusation et la défense, et fait ensuite voter le Conseil à main levée. Le vote devant le tribunal a lieu au scrutin secret. S'il ne se présente pas de contradicteur, il est aussitôt procédé au vote. Après avoir été admis à cet examen, les archontes se rendent à la pierre consacrée, où l'on dépose les entrailles des victimes et sur laquelle prêtent serment les arbitres avant de rendre publiquement leur sentence, et les témoins avant de déposer. Les archontes montent sur la pierre et jurent de remplir leurs fonctions en toute justice et selon les lois, de ne pas recevoir de présents à raison de l'exercice de leurs fonctions et d'offrir, s'ils venaient à en recevoir, une statue d'or massif. Après la prestation de ce serment, ils montent à l'acropole, où ils le renouvellent dans les mêmes termes ; après quoi ils entrent en fonctions.
L'archonte désigne les chorèges pour les concours de tragédie, au nombre de trois, qu'il choisit parmi les plus riches de tous les Athéniens. Anciennement, il désignait aussi cinq chorèges pour le concours de comédie. L'archonte reçoit les chorèges nommés par les tribus, à savoir les chorèges pour les chœurs d'hommes, d'enfants et pour les chœurs comiques qui figureront aux Dionysies, et les chorèges pour les chœurs d'hommes et d'enfants, aux Thargélies. Il désigne les chorèges pour Délos, et dirige les processions d'Asclépios, de Zeus Soter et celles des grandes Dionysies et des Thargélies. Les actions publiques et privées que l'on obtient de l'archonte, dans l'ordre désigné par le sort, et qu'il introduit devant le tribunal, après les avoir instruites, sont les suivantes : l'action pour mauvais traitements envers ses parents ; envers les orphelins ; envers une épiclère (fille unique héritière).
L'archonte roi (basiléos) occupe le Boukoleion, près du prytanée. Sa fonction est essentiellement d'ordre religieux : il est le garant du culte. Le roi préside à la célébration des mystères, de concert avec les quatre commissaires que le peuple élit à main levée et dont deux sont choisis parmi tous les Athéniens, un dans la famille des Eumolpides, un dans la famille des Kéryces. Il préside ensuite aux Dionysies du Lénæon. La fête comprend une procession et un concours : la procession, il l'organise en accord avec les commissaires ; le concours, il est seul à l'ordonner. Il ordonne également toutes les courses aux flambeaux. Enfin, il a la direction de tous les sacrifices dont l'institution remonte aux ancêtres. Les actions publiques que donne le roi, dans l'ordre désigné par le sort, sont les actions d'impiété et les actions en revendication de sacerdoce. Il règle aussi toutes les contestations qui s'élèvent entre familles et prêtres au sujet de leurs privilèges.
L'archonte polémarque se tient à l'Épylikéion. À l'origine, il est le commandant suprême de l'armée. Au début du ve siècle, quand les archontes sont désignés par le sort, son pouvoir sur l'armée passe aux stratèges. Le rôle du polémarque est alors essentiellement civil : il célèbre des sacrifices et les funérailles en l'honneur des guerriers tombés sur le champ de bataille. Il se préoccupe de l'enfant dont le père est mort à la guerre ; il est l'intermédiaire entre l'État et les étrangers. Le polémarque est chargé des sacrifices en l'honneur d'Artémis Agrotéra et d'Ényalios. Il introduit devant le tribunal, quand elles sont intentées par ou contre les métèques, les actions données contre l'affranchi ingrat, contre le métèque qui n'a pas de patron et les actions concernant les successions et les épiclères. Le polémarque peut pour les métèques tout ce que peut l'archonte pour les citoyens.
Les six thesmothètes forment un collège et siègent au Thesmothéion où, du temps de Solon, se réunissent les archontes. Ils sont les gardiens des lois. Ils veillent à ce qu'aucune nouvelle loi ne vienne en contradiction avec une ancienne, ou ne fasse double emploi. Ils sont compétents pour les affaires de haute trahison, de corruption, de conspiration contre l'État ; leur champ d'action, très vaste, concerne aussi les affaires civiles.
L'archonte, le roi et le polémarque peuvent s'adjoindre chacun deux assesseurs, qu'ils choisissent eux-mêmes, qui sont examinés par le tribunal avant d'entrer en fonctions, et qui rendent leurs comptes à leur sortie de charge.
Après l'archontat de Solon, vers 590 av. J.-C., et alors que leur ville est agitée de troubles internes, les Athéniens ne désignent aucun archonte. En 582, Damasias est élu : il exerce sa charge pendant deux ans et demi, avant d'être chassé par la force. On résout alors d'élire dix archontes : cinq parmi les Eupatrides, trois parmi les cultivateurs et deux parmi les artisans. Ce qui prouve, selon Aristote, que l'archonte avait un grand pouvoir, c'est que c'est toujours pour cette magistrature que les partis politiques luttent. On dénombre alors trois partis : celui des Paraliens, dirigé par Mégaclès, fils d'Alcméon, qui favorise la classe moyenne ; celui des Pédiéens, emmené par Lycurgue, et qui tend à l'oligarchie ; et celui des Diacriens, à la tête duquel se trouve Pisistrate, partisan de la démocratie. En 487 av. J.-C., les neuf archontes sont tirés au sort, parmi des citoyens que le peuple a désignés.

