Wanda Landowska
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Pianiste et claveciniste polonaise (Varsovie 1879 – Lakeville, États-Unis, 1959).
À l'âge de quatre ans, elle commença l'étude du piano avec J. Kleczinski, spécialiste renommé de Chopin. Après avoir suivi l'enseignement de A. Michalowski au conservatoire de Varsovie, elle quitta, en 1896, la Pologne pour Berlin, où professait H. Urban (également professeur de Paderewski et de Hofmann). Passionnée de musique vocale et de clavecin, Wanda Landowska trouva à Paris (1900-1913) un milieu favorable à l'épanouissement de ses idées, dans l'entourage de la Schola cantorum et de musicologues de renom (J. Ecorcheville, A. Pirro, L. de la Laurencie, Ch. Bordes, H. Expert, etc.).
Wanda Landowska allait devenir le porte-drapeau inspiré du renouveau de la musique ancienne. En 1903, elle donna un premier récital de clavecin, point de départ d'un combat acharné qu'elle mena sur tous les fronts, en jouant, en écrivant de nombreux articles (Bach et ses interprètes, 1905), un livre en forme de profession de foi (Musique ancienne, 1909) et en faisant évoluer la facture du clavecin. Sur le nouveau pleyel modifié par Gustave Lyon d'après ses conseils dans le sens d'une plus grande coloration, grâce à l'adjonction d'un double clavier et d'un jeu grave de seize pieds , elle joua Bach à Breslau en 1912. L'Académie royale de Berlin créa pour elle une classe de clavecin qu'elle dirigea de 1913 à 1919. Retenue contre son gré en Allemagne pendant la guerre, elle enseigna ensuite à Bâle et à Paris (à l'École normale et à la Sorbonne), avant de partir à la conquête des États-Unis en 1923 avec quatre clavecins et l'aide bienveillante de L. Stokowski. Elle y enregistra son premier disque. Mais c'est dans sa propre école de musique ancienne, à Saint-Leu-la-Forêt, à partir de 1925, que Wanda Landowska allait initier la génération montante de jeunes clavecinistes (R. Kirkpatrick, R. Puyana, C. Curzon, R. Gerlin, A. van de Wiele, I. Nef, etc.). Une salle de concerts y fut installée (1927) ; elle l'inaugura avec A. Cortot. Obligée de fuir en 1940 en abandonnant sa bibliothèque de 10 000 volumes et sa collection d'instruments anciens, elle gagna les États-Unis, où elle séjourna et travailla jusqu'à sa mort, enregistrant l'intégrale du Clavier bien tempéré de Bach et les œuvres que lui dédièrent M. de Falla (Concerto pour clavecin, 1925) et F. Poulenc (Concert champêtre, 1928), poursuivant sa tâche par l'exemple et par l'écrit. Wanda Landowska a débarrassé le clavecin du carcan des fausses traditions, en prônant le droit à l'invention et à la liberté, dans le respect de l'esprit de chaque œuvre. Cette volonté de rendre sa vitalité à un instrument, jusque-là guindé et quelque peu blafard, explique les outrances d'expression et de coloration qu'elle obtenait dans un grandiose ferraillement. Il serait injuste de s'y arrêter en ignorant la véritable grandeur de l'artiste, telle par exemple qu'on peut la découvrir dans ses enregistrements de Mozart au piano, d'une pureté inégalée.