Ginette Neveu
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Violoniste française (Paris 1919 – San Miguel, Açores, 1949).
Enfant précoce à onze mois elle fredonnait les airs qu'elle entendait , Ginette Neveu reçoit de sa mère, professeur de violon, ses premières leçons, avant d'être acceptée, à cinq ans, dans le cours de Line Talluel. À sept ans, elle fait ses débuts Salle Gaveau en jouant le Concerto en « sol » mineur de Max Bruch, avec l'orchestre Colonne, dirigé par Pierné. En 1928, elle reçoit coup sur coup une médaille au concours Léopold-Bellan, le premier prix de l'École supérieure de musique et le prix d'honneur de la Ville de Paris, et joue le Concerto de Mendelssohn, sous la direction de Gaston Poulet. Elle entre en novembre 1930 au Conservatoire de Paris, dans la classe de Jules Boucherit, et en sort fait sans précédent huit mois plus tard avec le premier prix. Enesco, stupéfait de tels dons, lui prodigue ses leçons. En 1931, elle participe au concours international de Vienne ; elle ne reçoit qu'une mention d'honneur, mais Carl Flesch la remarque et la fait étudier pendant quatre années. Elle remporte, en 1935, à Varsovie le concours Wieniawski, devant David Oïstrakh. Célèbre en quelques heures, Ginette Neveu entreprend la même année une tournée en Pologne et en Allemagne, suivie en 1936 d'une tournée en Union soviétique et, en 1937, au Canada et aux États-Unis (où elle joue en duo avec Rudolf Serkin). Elle réduit volontairement son activité pendant la guerre, se refusant à toute compromission. Elle interprète à Paris le Concerto de Beethoven, sous la direction de Paul Paray (1941), crée la Sonate pour violon et piano que Poulenc lui a dédiée (1943), et, à Bordeaux, le Concerto pour violon d'Elizade (1944). Devant l'enthousiasme soulevé par ses premiers concerts londoniens en 1945 (en particulier par son interprétation du Tzigane de Ravel), elle passe toute l'année 1946 en Angleterre, et y enregistre le Concerto de Sibelius. De 1947 à 1949, elle rencontre le même succès en Amérique du Sud et aux États-Unis. Après un dernier concert donné Salle Pleyel le 20 octobre 1949, elle trouve la mort dans l'accident d'avion qui la ramène une nouvelle fois en Amérique. Parmi les victimes : son frère Jean, son accompagnateur de toujours, et le champion de boxe Marcel Cerdan. De son stradivarius (qui ne fut jamais retrouvé), Ginette Neveu jouait avec une précision confondante, soumettant son vibrato à l'expression recherchée, modelant le son de la main droite, créant la mélodie à coups d'archet et de sensibilité, en une tension constante entre le respect du style de chaque œuvre et le besoin violent de donner une interprétation digne de la flamme qui l'habitait.