ulcère gastroduodénal
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Destruction localisée de la muqueuse de l'estomac et du duodénum (segment initial de l'intestin grêle).
L'ulcère gastroduodénal est très fréquent, touchant 10 % de la population. La grande efficacité des traitements médicamenteux aujourd'hui disponibles fait espérer une forte réduction du nombre de cas dans l'avenir.
L'ulcère duodénal est le plus fréquent ; il touche préférentiellement les individus mâles, et ne présente pas de risque de cancérisation.
L'ulcère gastrique, moins fréquent, touche indistinctement les individus des deux sexes. Il évolue vers un cancer dans 3 % des cas.
Causes
La principale cause de l'ulcère gastroduodénal est la bactérie Helicobacter pylori (Hp). L'infection, contractée au cours de l'enfance, se localise dans le mucus tapissant la muqueuse gastrique. La présence du microbe entraîne notamment une sécrétion excessive d'acide chlorhydrique par l'estomac, qui favorise l'ulcération. Le germe Hp est impliqué dans 90 % des ulcères duodénaux, et dans 70 % des ulcères gastriques. D'autres causes existent, moins fréquentes, telles que la prise d'anti-inflammatoires ou, plus rarement encore, une tumeur du pancréas. L'apparition d'un ulcère gastroduodénal ou sa mauvaise cicatrisation sont par ailleurs favorisées par le stress et le tabagisme.
Symptômes et signes
Le symptôme majeur de l'ulcère gastroduodénal est une douleur semblable à une crampe ou à une brûlure, qui peut être très intense. Située dans l'épigastre (partie haute de l'abdomen), cette douleur apparaît entre 2 et 3 heures après les repas et elle est calmée par l'alimentation. Des crises douloureuses survenant pendant quelques semaines font place à des périodes plus ou moins longues de rémission. D'autres symptômes, tels que des nausées, des vomissements, un manque d'appétit, peuvent également être associés.
Diagnostic et évolution
L'endoscopie œso-gastro-duodénale confirme le diagnostic et permet de visualiser l'ulcère, de préciser son siège, de faire des prélèvements de muqueuse afin de vérifier qu'il ne s'agit pas d'un cancer et de rechercher le germe Hp.
Quelle que soit sa localisation, l'ulcère gastroduodénal évolue vers la chronicité, par poussées successives, aussi longtemps que le germe Hp n'a pas été éradiqué. L'ulcère gastrique prédisposant au cancer de l'estomac, il nécessite une surveillance endoscopique régulière. Les complications des ulcères sont fréquentes, notamment les hémorragies digestives (hématémèse [émission de sang par la bouche], méléna [émission de sang digéré dans les selles]) spontanées ou consécutives à la prise d'aspirine. Ces hémorragies peuvent être importantes et menacer la vie du patient.
Une perforation de l'ulcère peut également survenir, entraînant une péritonite aiguë. Plus rarement, l'ulcère peut, en absence de traitement, provoquer un rétrécissement (sténose) du pylore.
Traitement
Le traitement des ulcères gastroduodénaux est médicamenteux, et varie selon que le germe Hp est impliqué ou non dans l'ulcère. Le traitement de l'infection à Hp repose sur l'association de deux antibiotiques, à quoi est associée une forte dose d'antisécrétoires (médicaments supprimant la production d'acide chlorhydrique par l'estomac). La durée de ce traitement est de 7 à 14 jours. Le traitement d'un ulcère gastroduodénal n'impliquant pas le germe Hp repose sur l'administration de puissants antisécrétoires, sur une durée allant de 2 à 4 semaines.
La prise d'aspirine ou d'anti-inflammatoires est absolument proscrite (à l'exception des faibles doses d'aspirine prescrites en traitement préventif des thromboses), ainsi que la consommation de tabac. L'ulcère ne nécessite aucun régime alimentaire particulier. Une surveillance endoscopique est nécessaire au suivi du traitement de l'ulcère gastrique, mais inutile pour un ulcère duodénal.
Les traitements médicamenteux aujourd'hui disponibles sont généralement très efficaces et ont rendu exceptionnelles les indications d'une intervention chirurgicale : perforation de l'ulcère, hémorragie très importante ou cancérisation. Les techniques chirurgicales alors employées sont la gastrectomie partielle et/ou la vagotomie (destruction des nerfs inducteurs des sécrétions gastriques). Une éradication du germe Hp entraîne une guérison définitive de l'ulcère.
Voir : helicobacter pylori.