mort subite du nourrisson

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

Décès brutal et inattendu d'un bébé considéré jusque-là comme bien portant ou ayant présenté des symptômes dont ni la nature ni l'importance ne pouvaient laisser présager une issue rapidement fatale.

On parle de « mort subite inexpliquée du nourrisson » lorsque l'enquête clinique, bactériologique, biologique et surtout anatomopathologique (autopsie) ne permet pas de trouver une explication médicale au décès.

Fréquence

La mort subite du nourrisson représente, dans les pays industrialisés, la principale cause de mortalité infantile au cours de la première année de la vie. Sa fréquence est estimée à 0,5 pour 1 000 naissances d'enfants vivants (2005). Elle frappe essentiellement les nourrissons âgés de 2 à 4 mois ; de 80 à 90 % de ces décès se produisent avant l'âge de 6 mois.

Facteurs de risque

Les anciens prématurés, les enfants ayant un faible poids de naissance ou ayant présenté des troubles neurologiques ou respiratoires seraient plus exposés que d'autres à la mort subite du nourrisson. Celle-ci semble due à plusieurs facteurs présents dans l'environnement habituel du bébé, qui peuvent, à un moment donné, se conjuguer pour aboutir à l'accident mortel. Parmi les plus fréquents figurent les infections virales et bactériennes (la mortalité est multipliée par quatre ou cinq durant la période hivernale), l'élévation brutale de la température corporelle, qu'elle soit d'origine infectieuse ou extérieure à l'organisme (enfant trop couvert, par exemple), le reflux gastro-œsophagien, les apnées (arrêt de la respiration) provenant d'une inflammation ou d'une malformation des voies aériennes supérieures, le tabagisme passif. La position de sommeil à plat dos est actuellement préconisée chez le nourrisson. Elle a entraîné la diminution de moitié de la fréquence de la mort subite du nourrisson.

Ces facteurs d'agression sont très fréquents dans la première année de vie, mais la quasi-totalité des enfants y résistent bien.

Aide aux parents

La mort subite du nourrisson représente un traumatisme majeur pour l'entourage du bébé, qui éprouve toujours un sentiment de culpabilité. Les parents se reprochent soit de n'avoir pas entendu l'appel de leur enfant, soit d'avoir négligé un symptôme qui, rétrospectivement, peut apparaître comme un signal d'alarme. Ils peuvent être amenés à mettre en cause des personnes chargées de surveiller le bébé (nourrice, grands-parents, etc.). Les parents doivent comprendre que la mort subite du nourrisson est, par définition, immédiate. Elle se distingue par là des malaises graves, « bruyants », qui attirent l'attention et pour lesquels des mesures de surveillance et de traitement sont possibles. C'est un accident imprévisible et l'entourage n'a donc aucune part de responsabilité dans sa survenue.

Par ailleurs, l'autopsie de l'enfant est nécessaire, même si elle paraît souvent inutilement « agressive » aux yeux des parents. Elle peut, en effet, permettre de connaître les causes de la mort et donc contribuer à une meilleure prise en charge des enfants à venir dans la famille.

En cas de nouvelle grossesse

Le risque de récurrence des morts subites du nourrisson n'est pas plus élevé dans une famille ayant subi ce drame que dans la population générale. Cependant, lors des grossesses suivantes, un accompagnement psychologique s'impose. L'enfant suivant du couple peut également faire l'objet d'examens spécialisés. Ainsi, si les facteurs de risque sont connus et traités, il bénéficiera d'une sécurité accrue. Le recours à un moniteur cardiorespiratoire, appareil permettant de contrôler la fréquence cardiaque et respiratoire, ne saurait se justifier que par l'anxiété de parents traumatisés par un précédent drame. L'appareil est, en effet, souvent mal supporté, car les alarmes se déclenchent trop fréquemment.

Dans tous les cas, une collaboration confiante avec un médecin compétent et expérimenté apparaît souhaitable pour l'accompagnement des enfants à venir. Elle seule permet d'assurer à la famille une assistance médicopsychologique efficace.