Ossip Emilievitch Mandelstam ou Ossip Emilievitch Mandelchtam
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète russe (Varsovie 1891 – près de Vladivostok, 1938).
Fils de commerçants juifs, il fit des études de lettres à Paris et à Heidelberg. Un des pères de l'acméisme, il voulut être l'apôtre d'une poésie charnelle et musicale, rigoureuse et riche en références culturelles. Son premier recueil porte le titre emblématique de Pierre (1913-1916) : il compare le mot à ce matériau pesant, concret, et affirme avoir appris la poésie auprès des bâtisseurs de Notre-Dame de Paris. Son goût pour les cultures du passé, son « classicisme » stylisé, en l'écartant de la révolution, lui imposent une retraite en Crimée (1918) dont sortira le recueil Tristia (1922), bilan intime et historique des années de guerre civile, où le lyrisme jaillit en réminiscences et en associations verbales insolites, révélant un univers poétique désormais autonome et hermétique qui constate « la fin de l'Histoire ». Isolé au sein du monde littéraire, il se tourne vers l'autobiographie (Bruit du temps, 1925), l'expérimentation de formes narratives neuves (le Sceau égyptien, 1928 ; Voyage en Arménie, 1933) et la réflexion critique (De la poésie, 1928 ; Entretien sur Dante, écrit vers 1930, publié en 1967). Il est exilé une première fois (1934) pour avoir composé une épigramme contre Staline. Son Cahier de Voronej (1935-1937), écrit à la veille de sa seconde arrestation, marque l'apogée de sa recherche sémantique et rythmique.