littérature néerlandaise
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
La conception romantique des « littératures nationales » semble particulièrement inadaptée pour les pays de langue néerlandaise. Cette littérature reflète la complexité politique et sociale des pays dont elle est issue. Tour à tour flamande, hollandaise dans le passé, elle s'ouvre, néerlandaise, sur le monde des Caraïbes et l'Afrique du Sud, sans oublier la part flamande et juive, cette dernière fort importante depuis l'émancipation du xixe siècle. Un monde en soi, pétri de valeurs culturelles et littéraires, qui assimile et affirme. La langue et la littérature se déplacent suivant les siècles : dans les Flandres (à partir du xiiie s.), en Hollande ensuite (xvie s.), deux pôles se dessinent avec des caractéristiques spécifiques liées à la philosophie des œuvres et aux styles. Dans le Sud d'abord jusqu'en 1609 (date de la scission politique et de l'émigration de l'élite flamande vers le nord), en Hollande ensuite, quand la Contre-Réforme élimine lentement la conscience et même la langue littéraire dans ce qui reste des Flandres : ces pôles ont en commun par-delà les frontières et les siècles le poids de l'inspiration religieuse et de la spiritualité dont les problèmes sociaux deviennent comme le miroir.
Aux Flandres les chansons de geste (Karel ende Elegast, xiie s.), souvent influencées par des modèles français (le Roman des Lorraines), les romans courtois classiques (Hendrik Van Veldeke, Eneïde, v. 1190), celtiques (Walewein, de Penninc et Vostaert, xiiie s.), ou d'inspiration orientale (Floris ende Blanceflœr, xiiie s.), les écrits mystiques de Hadewijch (xiiie s.) et Van Ruusbroec (xive s.), l'œuvre didactique de Van Maerlant ou Van Boendale. Les épopées animales et satiriques (Van den Vos Reinaerde) et les mystères du xve siècle (Elckerlijc) sont l'expression populaire d'un mouvement intellectuel citadin dont les « chambres de rhétorique » sont le levain ; elles abritent ou accompagnent les disputes théologiques en latin (Érasme) et constituent des écoles pour la formation du goût poétique et dramatique, centres de réflexion sur l'humanisme et l'ouverture sur l'autre (Van der Noot). Quand les troubles religieux éclatent, ces contrées se divisent, la culture citadine se fait plus affirmée, mais les Flandres se voient sévèrement châtiées et réintégrées dans l'Empire espagnol. Les polémiques entre réformateurs (Marnix Van Sint Aldegonde) et contre-réformateurs (Anna Bijns) sont l'écho cruel d'un pays divisé, avant qu'il ne sombre dans la répression qui entraîne le déclin culturel, c'est-à-dire littéraire aussi bien que politique.
La littérature néerlandaise de Belgique
Dès la formation de l'État belge (1831), la vie culturelle est marquée par deux controverses : la lutte entre libéralisme et catholicisme d'une part et la querelle linguistique qui s'identifiera très vite à une lutte sociale. Un premier groupe d'écrivains (J. F. Willems, P. Van Duyse, K. Ledeganck, P. Blommaert), poussé par l'intérêt du passé flamand, contribue à la renaissance de la langue littéraire et de ses sources flamandes, mais il faut le romantisme exubérant de Hendrik Conscience pour que l'âme de la Flandre (le Lion de Flandre, 1838) retrouve ses marques. Ses contes réalistes seront repris par J. L. Sleeckx et les frères Snieders. Ce courant se nourrit et se teinte d'humour chez A. Bergmann, mais se tourne en dénonciation sociale chez E. Zetternam, sous l'influence de pamphlétaires prémarxistes (Pellering).
Il appartenait au poète Guido Gezelle de donner, vers 1850, un élan nouveau à la poésie, par-delà les aspects linguistiques. À l'instar de Montaigne, il opte pour le flamand quand le néerlandais « n'y pouvoit aller », fusionnant les langages dans un même mouvement affectif qui rejette les coupures et les vicissitudes du temps. Son influence est considérable, non seulement sur de jeunes poètes comme A. Rodenbach, mais aussi sur tout le mouvement de la fin du siècle. La fondation de la revue Van Nu en Straks (Aujourd'hui et Demain) en 1893 marque, en effet, le vrai départ de la littérature moderne. Ses débuts sont presque contemporains du mouvement de la Jeune Belgique dans la littérature belge de langue française. A. Vermeylen est le théoricien du groupe ; C. Buysse et E. De Bom en sont les romanciers les plus représentatifs, P. Van Langendonck le meilleur poète.
La deuxième génération s'illustre, dès 1900, avec le romancier Stijn Streuvels, le conteur et dramaturge expressionniste H. Teirlinck, et surtout le poète symboliste K. Van de Woestijne. Si le génie flamand obtient une renommée internationale en s'exprimant en langue française (Ch. De Coster, M. Maeterlinck, É. Verhaeren, G. Rodenbach, J. de Boschère, M. de Ghelderode), d'autres talents originaux sont moins connus : le réalisme de W. Elsschot, G. Walschap, P. Van Aken ; « l'expressionnisme organique » de Paul Van Ostaijen, dont l'esthétique se verra prolongée par C. Burssens et V. Brunclair, et, dans des tonalités idéologiques diverses, par M. Gijsen, W. Moens et A. Mussche. Quant à R. Minne, M. Roelants, R. Brulez, R. Herreman, tout en préférant leur indépendance, ils se font adeptes d'une écriture plus classique. Des conteurs comme F. Timmermans et E. Claes connaîtront leur véritable audience grâce au cinéma. Écritures romanesque et cinématographique se fondent dans un « réalisme magique » illustré par J. Daisne et H. Lampo qui traduisent les interrogations de leur temps dans ces formes d'écriture moderne : l'homme y est central, sur fond de questionnements, raison et déraison y alternent parce que l'affect y impose sa place.
À partir de 1949, les nouvelles générations se rassemblent autour des revues Tijd en Mens (l'Homme et son Temps, 1949-1955) et Gard Sivik (1955-1963). Les talents majeurs apparaissent à travers Hugo Claus, contestataire dans les genres les plus divers, du poème au roman et au scénario (Poèmes d'Oostakker, 1955 ; l'Année du cancer, 1972) et à travers L. P. Boon, chroniqueur des révoltes sociales, porte-voix des démunis et de leur vie décousue. La poésie ironique de G. Gils, l'hermétisme de H. Pernath, les recherches de W. Roggeman, D. Robberechts et C. Van de Berge sont autant de formes pour dire le désir de construire une œuvre à partir de la seule expérience de la langue. Un nouveau réalisme apparaît dans les romans de M. Matthijs, L. Zielens, W. Ruyslinck, W. Van den Broeck, A. Berkhof, P. Koeck, la volonté d'échapper au poids du monde extérieur s'exprime dans les récits de De Pillecyn et A. Demedts, alors que J. Walravens, P. Lebeau, J. Vandeloo et K. Jonckheere tentent de trouver une nouvelle formulation aux problèmes de l'existence. C'est Maurice Gilliams, cependant, qui apparaît comme le plus poétique des créateurs de cette génération avec une œuvre intellectualiste et symboliste qui cherche à définir l'enracinement culturel des Flamands, leur sens de l'histoire et leur quête de signifiants. Les années 1970 voient des écrivains authentiques se confirmer : Ivo Michiels, notamment, avec une œuvre monumentale fondée sur la langue-objet. H. Raes crée des mondes cruels à la Jérôme Bosch, E. Van Ruysbeek et J. De Haes retrouvent la tradition lyrique. P. de Wispelaere, brillant essayiste, se montre aussi un autobiographe original ; les problèmes de la révolution sexuelle apparaissent chez J. Geeraerts, A. M. Dhondt et M. Cottenjé. Monica van Paemel se montre une brillante analyste des mouvements du cœur (les Pères maudits). Le théâtre voit se déployer la verve satirique de G. Gheuens, l'inspiration philosophique de H. Hensen et J. Van Hoeck, l'engagement politique de T. Brulin. La tendance générale est à un retour au vécu, à l'anecdote, et, en poésie, au néoromantisme (J. 't Hooft).
Les Pays-Bas
En rejetant le joug espagnol (1581) et en acquérant son indépendance (1648) au terme de la « guerre de Quatre-Vingts Ans », la Hollande va créer un art national que préparent les réflexions et engagements humanistes de D. V. Coornhert, H. L. Spieghel et R. Visscher. Cette Hollande protestante et libérale engendrera des œuvres rationnelles exploitant la veine comique et sociale aussi bien que le tragique poids du Verbe et de la Parole. Une littérature éthique et rationnelle que quatre écrivains représentent par excellence : P. C. Hooft (1581-1647), épicurien de la Renaissance, poète aristocrate, créateur du Cercle de Muiden, auteur de pastorales et de sonnets ; Joost Van den Vondel (1587-1679), le « Prince des Poètes » : ses œuvres théâtrales imposent la liberté de parole face aux pasteurs, ses poésies lyriques ou satiriques sont à l'image de cette société bourgeoise avec ses nouvelles valeurs culturelles. Sa tardive conversion au catholicisme contribuera à la naissance de chefs-d'œuvre dramatiques (Lucifer, 1654) qui l'imposent sur le plan européen ; Gerbrand A. Bredero (1585-1618), peintre puis écrivain, donne une œuvre comique dont le réalisme est savoureux, des poésies lyriques dont le ton est franc autant qu'intimiste, sans façon ; Constantin Huygens (1596-1687), donne une poésie lyrique et moraliste. Tout différent est Jacob Cats (1577-1660), dont les ouvrages truffés de maximes et de dictons connaissent un succès durable par leur pragmatisme populaire. Un grand nombre de poètes illustrent encore ce « Siècle d'or » : Stalpart Van der Wiele, Revius, Camphuysen (1586-1627), Jan Starter et, plus tard, J. De Decker, Dullaert et Jan Luyken.
Vers la fin du xviie siècle, commence une période de stagnation. Des écrivains comme P. Langendijk, Justus Van Effen, qui fonde la revue le Spectateur hollandais (1731), et H. K. Poot forment l'exception. Dans la seconde moitié du xviiie siècle, trois poètes, Van Alphen, Bellamy et Nieuwland renouvellent le lyrisme national. Cette période sera plutôt celle du roman néerlandais. Le premier (Sara Burgerhart, 1782), écrit par deux femmes, Betje Wolff-Bekker et Aagje Deken, marque l'apparition d'une littérature centrée sur la réalité bourgeoise, sur l'art psychologique de l'épistolaire et sur le décalage dans le temps et l'espace. R. Feith séduit les âmes sensibles par son ton élégiaque et W. Bilderdijk (1756-1831), dramaturge et historien, annonce les débuts du xixe siècle. Dans ce domaine de la littérature, le décalage entre « hollandais » et « néerlandais » se dessine dès cette époque puisque les œuvres d'Isabelle de Charrière – un moment l'amie de Benjamin Constant – sont publiées en français, sans que cela n'enlève rien à leur tonalité et à leur perspective bien hollandaises.
Le xixe siècle sera d'abord celui des prosateurs : Vosmaer, Van Lennep, auteur de romans historiques, et N. Beets dont la Camera obscura (1839) est un chef-d'œuvre d'humour réaliste. Tradition et renouveau romantique s'harmonisent dans l'œuvre d'Aarnout Drost, tandis que Potgieter, fondateur en 1837 de la revue De Gids, encourage les écrivains et donne une place importante à la critique, illustrée par C. Busken Huet. Quand Douwes Dekker publie en 1860, Max Havelaar, il se révèle un moraliste ironique, auteur majeur tant par la nouveauté de ses idées que par sa langue, réaliste et directe, et la construction littéraire de ses œuvres. Il ouvre la voie à la nouvelle littérature : à sa mort en 1887, la révolution littéraire est accomplie, la génération des années 1880 s'est manifestée. Le climat moral avait été préparé par Marcellus Emants (Lilith, 1879) et par Jacques Perk, auteur d'un cycle de sonnets impressionnants. Willem Kloos et Herman Gorter apparaissent comme chefs de file de ce nouveau mouvement, coupure radicale d'avec le passé. Le Nouveau Guide entend prendre la relève et rassembler autour de lui la génération de ces jeunes écrivains qui vénèrent Keats et Shelley, mais passent à côté des symbolistes français et de Baudelaire. W. Paap, F. Van der Goes, Van Eeden, Van Deyssel, A. Verwey, J. Van Looy, Hélène Swarth, A. Prins préfigurent la littérature hollandaise contemporaine. À l'écart de ce mouvement, le romancier naturaliste Louis Couperus (1863-1923) exerce une influence durable et internationale. Fatalité sera la première œuvre de cette nouvelle vague traduite à Prague dès 1895. H. Heijermans porte le naturalisme au théâtre en Hollande comme en Allemagne, alors que les poètes J. H. Leopold, Henriëtte Roland Holst et P. C. Boutens inaugurent un nouveau romantisme qui se mesure à l'aune des idées socialistes, assimilées ou rejetées parce que la mythologie garde la poésie sous son emprise.
La littérature romanesque connaît un nouvel essor dans l'entre-deux-guerres avec A. Van Schendel, F. Bordewijk, S. Vestdijk (le Cinquième Sceau, 1937), E. Du Perron, Menno Ter Braak, qui se regroupent en 1932 autour de la revue Forum. Dadaïsme et surréalisme séduisent peu – I. K. Bonset, K. Tonny, H. Cramer – mais la poésie connaît un nouvel âge d'or avec J. Bloem, A. R. Holst, J. Greshoff, V. E. Van Vriesland, M. Nijhoff, J. J. Slauerhoff, H. Marsman, qui mêle dans son vitalisme « l'ensemble des courants contemporains » (Temple et Croix, 1940). Dans le domaine poétique, G. Achterberg (Cryptogammes, 1961) et M. Vasalis (Parcs et Déserts) apparaissent comme très modernes, soit par les ruptures dont ils revêtent leur univers poétique, soit par l'intime relation qu'ils établissent entre l'interrogation sur le sens du monde dans lequel ils vivent, et la poésie qui en devient le révélateur.
La deuxième moitié du xxe siècle est celle des ruptures dont la littérature devient un champ privilégié. La Deuxième Guerre mondiale – la première guerre depuis Napoléon – déchire un modèle séculaire de coexistence fondé sur l'acceptation de valeurs philosophiques et religieuses ; la perte des colonies – l'Indonésie, le Surinam – pose le problème des assimilations culturelles et change le regard sur le monde et sur la culture hollandaise. La mise en place du Benelux, qui est en soi une opération purement économique, accélère le rapprochement entre le monde flamand et hollandais et impose l'interrogation mutuelle sur les valeurs réciproques. À ces différents chocs s'ajoutent des phénomènes plus purement littéraires ou philosophiques tels que la découverte de l'existentialisme, du roman américain et les résonances internationales du groupe Cobra (COpenhague, BRuxelles, Amsterdam).
On peut, certes, montrer les tendances remarquables de cet après-guerre : la première, celle des « Vijftigers » qui comprend le groupe des expérimentalistes, fondé en 1948 et s'exprime dans la revue Podium. Elle est représentée par Lucebert, P. Rodenko, B. Schierbeek, Remco Campert, G. Kouwenaar ; la seconde tendance, celle des « Zestigers » et des « Zeventigers » (ceux des années 1960 et 1970), se caractérise par une orientation plus nette vers la réalité quotidienne et le langage courant : en témoignent Kopland, Van Geel, H. Van Waardenburg, H. C. ten Berge, H. Verhagen. Certains poètes néoréalistes semblent se contenter d'un exercice verbal parfois très élaboré, mais aussi sans engagement apparent (J. Bernlef, Schippers, Cees Buddingh'). Des mouvements divers, axés sur des combinatoires linguistiques, se dessinent chez nombre de prosateurs et de poètes, tels Habakuk II de Balker, H. Mulisch, J. Hamelink, K. Ouwens, parfois qualifiés d'« intellectualistes », comme H. Faverey, tandis que l'école de Merlijn se concentre sur les recherches structuralistes avec K. Fens, H. C. Jessurun d'Oliveira, J. J. Oversteegen. Si un certain réalisme subsiste dans la prose et la poésie (Jean de Hartog), suivant la tradition de S. Vestdijk, le roman se caractérise par le pittoresque anecdotique (G. Van Beek) et l'exploration psychologique (H. Haasse). Les grandes tendances sont d'ordre intimiste – ainsi certaines pièces de L. de Boer – et éthique, d'où l'importance de l'autobiographie dans l'œuvre de J. Brouwers, de C. Nooteboom, de De Winter. Les romans de Jan Wolkers constituent un règlement de comptes avec une jeunesse protestante, les récits de Willem Frederik Hermans des réflexions philosophiques sur la solitude et l'ennui, alors que K. Van het Reve se révèle un magicien du style sur fond d'interrogation et parfois de contestation destructrice.
La littérature se développe sous des aspects très divers où les notions de traditionnel et de moderne semblent dénuées de leur sens. La libération des mœurs (J. Cremer), le raffinement sentimental (J. G. Siebelink), les tentatives d'un renouveau structurel (Maarten 't Hart ; J. M. A. Biesheuvel ; E. Develing ; L. Van Marissing ; G. J. Komrij ; C. Peeters), la fascination, ou la défiance, à l'égard des modèles scientifiques (K. Schippers, G. Krol), l'objectivité du roman-reportage (D. A. Kooiman, H. R. Meijer) et la nostalgie néoromantique et décadente qui habite les œuvres de Ferron, de Joyce and Co et des académistes (Akademisten), voilà des ingrédients dont se servent les auteurs avec beaucoup de métier. Harry Mulisch a pu ainsi donner sa grande œuvre la Découverte du ciel, quête éperdue du pourquoi de l'existence, bientôt suivi en cela par Nelleke Noordervliet.
Il semble plus intéressant de voir que ce demi-siècle a vu la naissance de groupes d'auteurs dont l'écriture doit beaucoup à une expérience intime dont la langue devient le seul vecteur : c'est ainsi que sont apparus les auteurs dont l'enfance s'est déroulée en Indonésie et qui façonnent leur art à travers l'expérience d'une exubérance toute exotique : c'est le cas de Hella Haasse, mais encore de Jeroen Brouwer, de Rudy Kousbroek, d'Adriaan van Dis, par exemple. D'autres, par le même mouvement pendulaire, vont disparaître de la littérature néerlandaise parce qu'ils relèvent davantage de la littérature des Caraïbes – Cola Debrot, Arion, pour ne nommer que ceux-là. On a vu apparaître aussi une génération d'auteurs qui ont puisé dans la littérature la force de dire les horreurs de la guerre, de les mettre à distance sans les oublier, mais d'utiliser l'expression littéraire pour apprendre à vivre avec l'innommable : les diaristes Anne Franck et Etty Hillesum ne doivent faire oublier Abel Herzberg et surtout sa fille, Judith, grand poète, ou encore Gerhard Durlacher, Ida Vos, Marga Minco. Marcel Möring aussi, pour la deuxième génération avec le Grand Désir ou encore À Babylon. Ces auteurs ont fait de la littérature le champs par excellence d'une parole authentique, engagée sur la voie de l'interrogation humaine. La langue néerlandaise devient pour eux, comme ce fut le cas pour Stefan Zweig, par exemple, une patrie. D'autres auteurs apparaissent dans cette perspective. Ils sont eux aussi d'une deuxième génération, celle de l'immigration. Dans ce froid pays de Hollande, ils égaient la littérature de leur prose fleurie et de leurs questions sur ce qui fonde la culture, contrepoids à l'ennui et à la suffisance.