Ukraine

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Les origines de la littérature ukrainienne remontent à la Rous Kiévienne de la deuxième moitié du xie s. (chroniques, hagiographies, épopée du Dit d'igor, xiie s.). De contenu religieux et de caractère édifiant, elle est pratiquée exclusivement par les gens d'Église jusqu'au début du xviie s. Avec la prise de conscience d'une identité nationale, elle se déploie dans toute sa plénitude à partir de la création du Collège Mohyla de Kiev, en 1632. La guerre de libération de 1648-1654 encourage l'apparition parallèle d'œuvres profanes (drames dits « scolaires » à sujets historiques ou religieux, déclamations, dialogues burlesques, intermèdes). Il convient de citer encore les chants historiques (doumy) liés à l'épopée cosaque, ainsi que l'œuvre du philosophe H. Skovoroda (1722-1794).

En 1720, un oukase interdit l'usage de la langue ukrainienne, excepté, et avec des réserves, pour les ouvrages religieux. La renaissance de la conscience nationale survient avec l'apparition d'une intelligentsia ukrainienne. À partir de 1805, les universités de Kharkiv et de Kiev deviennent les centres de la vie intellectuelle. La publication de l'Énéide travestie d'Ivan Kotliarevskyï (1798), première œuvre littéraire en ukrainien, marque l'avènement de la littérature ukrainienne moderne. Kvitka-Osnovjanenko prolongera la tradition populaire dans le domaine de la prose.

Mais c'est l'œuvre de Taras Chevtchenko (1814-1861) qui plaça définitivement l'ukrainien au rang de langue littéraire ; il est célébré comme le plus grand poète national. La renaissance littéraire de l'Ukraine se poursuit avec l'œuvre de prosateurs comme la romancière M. Vovotchok (1834-1907), P. Koulich (1819-1897). I. Netchouï-Levytskyï (1838-1918) et P. Myrnyï s'orientent vers le réalisme social, teinté de populisme, dépeignant la paysannerie ukrainienne.

En 1863, la circulaire de Vamluev, ministre de l'Intérieur, interdit la publication des ouvrages en ukrainien et brise le bref essor de la littérature naissante. C'est seulement vers 1880 que le théâtre renaît avec l'œuvre de M. Kropyvnytskyï (1840-1910), M. Starytskyï (1840-1904) et I. Karpenko-Karyï (1845-1907). En Galicie autrichienne (Ukraine occidentale), I. Franko (1856-1916) produit des œuvres d'une grande envergure et d'une nouveauté totale. Deux femmes marquent le début du xxe s., L. Oukraïnka (1871-1913) et O. Kobylianska (1863-1942). Le nouvelliste M. Kotsioubynskyï (1864-1913) donne ses meilleurs ouvrages dans un style impressionniste.

Les années 1920-1930 constituent un âge d'or pour la littérature et le théâtre ukrainiens au moment du renouveau nationale et culturelle. De nombreux courants et organisations littéraires se forment : Plouh, Hart, Vaplite, malgré une surveillance idéologique sévère. Les écrivains les plus remarquables de cette période sont les poètes P. Tytchyna, V. Sossioura, M. Rylskyï et M. Bajan ; les prosateurs, M. Khvylovyï, V. Pidmohylnyï, J. Janovskyj, et les dramaturges, M. Koulich, J. Mamontov et I. Kotcherha, V. Vynnytchenko.

Dès le début des années 1930, les répressions staliniennes donnent un coup d'arrêt à l'épanouissement de cette littérature abondante. Les auteurs en exil tels que I. Bahrianyi, V. Barka ont révélé la vérité et dénoncé les atrocités du régime totalitaire.

Dans les années 1960, au moment du dégel, une nouvelle génération d'écrivains surgit : Lina Kostenko, I. Dratch, M. Vinhranovskyï, M. Symonenko, V. Stous. Leur apport, à l'écart du réalisme socialiste imposé par le régime, sera de courte durée.

Dans la période post-soviétique, de jeunes écrivains apparaissent : J. Androukhovytch, O.  Irvanets, O. Zaboujko, I. Rymarouk, V. Herassymouk continuant à animer la vie littéraire en Ukraine.