Théodore de Banville
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète français (Moulins 1823 – Paris 1891).
Méprisant à la fois le matérialisme bourgeois – auquel il oppose d'abord les dérèglements banalisés par les « Jeunes-France » (les Cariatides, 1842) – et les poses de la première génération romantique – à laquelle il reproche son manque de sincérité (les Stalactites, 1846) –, il cherche dans l'art de la Grèce, sans en tirer la leçon du « rêve de pierre » baudelairien (le Sang de la coupe, 1857), et la poésie des grands rhétoriqueurs, dont il ne retient que la virtuosité (Trente-Six Ballades joyeuses, 1866), la justification des principes de l'« art pour l'art » (Odes funambulesques, 1857), dont il devient l'un des maîtres reconnus par les Parnassiens. Auteur de comédies féeriques ou historiques (Gringoire, 1866), de nouvelles (Madame Robert, 1887), il reste surtout un « acrobate du vers » (il a fait du clown la figure allégorique de son art), illustrateur d'une poésie qui confond art et artifice (Petit Traité de versification française, 1872), mais qui n'exclut pas un certain humour. Le « divin Banville » (Mallarmé) a ainsi fait de la poésie un monde irréel, mais complet, dans lequel Baudelaire voyait « un retour très volontaire à l'état paradisiaque ».