Rafael Alberti
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain et peintre espagnol (Puerto de Santa María 1902 – id. 1999).
Dès ses premières œuvres, admirateur des cancioneros du xve siècle et de Góngora, il unit l'inspiration populaire à une forme raffinée, nourrie par la pratique de la peinture. Le Marin à terre (1925) est salué par la critique, et notamment par Juan Ramón Jiménez, comme l'exemple le plus éclatant de la poésie andalouse moderne. Alberti y exprime la nostalgie des paysages de son enfance avec une fraîcheur et une élégance sans mièvrerie, dans des compositions le plus souvent brèves et rapides dépourvues de toute rhétorique. En 1929, Sur les anges marque un tournant dans l'évolution du poète qui abandonne le lyrisme optimiste de ses débuts. Ce recueil de poèmes, né d'une profonde crise intime, figure parmi l'un des plus beaux recueils surréalistes. Dès 1931, le poète s'engage politiquement, met son œuvre « au service du peuple » et adhère au Parti communiste espagnol. « Auto sacramental sans sacrement », l'Homme inhabité dénonce l'aliénation de l'homme dans le monde moderne et Fermin Galán a pour héros le premier martyr de la iie République. Alberti écrit dès lors des œuvres de combat. En 1934, il fonde la revue Octubre. Pendant la guerre civile, il participe à l'activité de l'Alliance des intellectuels antifascistes, dirige l'hebdomadaire El mono azul, et commence à écrire, outre des pièces « d'urgence » (Radio-Séville, 1938), D'un moment à l'autre (1942), drame inspiré de sa propre histoire de jeune bourgeois rompant avec sa classe, expérience qu'il évoquera dans ses Mémoires (la Futaie perdue, 1942 et 1959). En 1939, il s'exile à Paris, puis en Argentine. Sa poésie, évoquant parfois l'Espagne féodale et mystique avec un lyrisme nostalgique (Entre l'œillet et l'épée, 1941 ; Pleine Mer, 1944 ; Heure maritime, 1953), proclame la nécessaire rébellion de l'homme contre tout ce qui aliène sa liberté (Chansons de Juan Panadero, 1959), dans une œuvre privilégiant l'expression dramatique (le Trèfle fleuri, 1942 ; le Repoussoir, 1944 ; la Gaillarde, 1945 ; Nuit de guerre au musée du Prado, 1956). Après un voyage en Chine et son installation à Rome, il poursuit sa double activité de peintre et de poète (Mépris et Merveille, 1974). Rentré en Espagne en 1976, élu député communiste de Cadix en 1977, Alberti renonce peu après à son siège pour se consacrer à son œuvre (Lumière fustigée, 1980).