Paul-Jean Toulet
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète et romancier français (Pau 1867 – Guéthary 1920).
La vie et l'œuvre de ce rêveur caustique furent hantées par les voyages : celui qu'accomplit le tout jeune homme quittant son Béarn natal pour suivre les traces de ses parents à l'Île Maurice et y goûter aux paradis artificiels (1885-1888) ; un périple autour du Bassin méditerranéen et son séjour à Alger (1888-1889) ; ses équipées dans le sud de la France et en Espagne ; en 1903, son grand voyage en Orient avec Curnonsky, l'ami parisien (alias Maurice Sailland) ; ses excursions en Europe ; tous les voyages réels ou rêvés, enfin, dont témoignent le curieux volume posthume de ses Lettres à soi-même (1927). Journaliste et poète dilettante, il fait une brève apparition à Paris en 1892 (où il rencontre Charles Maurras et Toulouse-Lautrec), avant de s'y installer en 1898 pour y mener une vie de noctambule mondain. Il collabore régulièrement à la Vie parisienne, traduit le Grand Dieu Pan de Machen, et commence à publier ses romans ironiques et raffinés (Monsieur du Paur, homme public, 1898 ; les Tendres Ménages, 1904 ; Mon amie Nane, 1905), ainsi que des contes et des « choses vues » (Comme une fantaisie, 1918 ; Contes de Béhanzigue, 1920). Il prête également sa plume aux « ateliers Willy » (la Tournée du petit duc, 1908 ; Maugis en ménage, 1910 ; Lélie fumeuse d'opium, 1911 ; l'Implacable Siska, 1911) et rêve, avec son ami Debussy, à un opéra sur Comme il vous plaira. C'est avec ses Contrerimes, qui commencent à paraître en 1910 et dont l'édition définitive ne sera malheureusement publiée qu'en 1921, qu'il s'impose comme poète, savant et ludique tout à la fois, désigné comme chef de l'« école fantaisiste » par Carco et Derème. En 1912, il quitte Paris pour s'installer dans le Bordelais puis au Pays basque, où il composera encore un roman satirique, la Jeune Fille verte (1918-1919). Après sa mort parurent, entre autres, une comédie (le Souper interrompu, 1922), des Notes d'art (1924) et des Vers inédits (1936).