Patrice de La Tour Du Pin
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète français (Paris 1911 – id. 1975).
Coup d'essai, coup de maître : la Quête de joie (1933), son titre le plus connu, est l'œuvre vite remarquée par Supervielle, d'un jeune poète de 22 ans qui définit d'emblée l'architecture de son projet. Un autre titre, la Vie recluse en poésie (1938), dit assez ce que sera son exigence. C'est à la poésie que l'auteur consacre, de manière quasi monacale, le plus clair de son temps. D'emblée, la spiritualité est son beau souci. Après la guerre, il se retire dans le château familial de Bignon – Mirabeau, en Gâtinais – et élabore une Somme de poésie constituée de trois « Jeux » : le jeu de l'homme face à lui-même (1946), le jeu de l'homme face au monde (1959), le jeu de l'homme face à Dieu (1983). Le jeu de l'homme en lui-même présente la campagne d'enfance, interroge l'âme de l'homme (c'est-à-dire l'ange), cherche le rapport entre le moi et le monde. Les différentes postulations de l'enfance y apparaissent (l'amour du monde sauvage, le chant, la procréation). Plus heurté, moins linéairement optimiste est le Second Jeu, qui emprunte plus d'un argument à la Bible. Le Troisième Jeu radicalise ce rapprochement à Dieu. La Tour du Pin a participé, après le concile de Vatican II, à la commission chargée de la traduction en français des textes de la liturgie catholique et a écrit plus d'un hymne ciselé pour la messe (Petites Liturgies du carême, 1974). Un peu comme chez Claudel, poésie et réflexion spirituelle s'épousent dans la « théopoésie » d'un homme qui rêvait, selon son dire, d'écrire « la grande prière de son temps » et dont les vers les plus connus parlent au siècle : « Tous les pays qui n'ont pas de légende / Seront condamnés à mourir de froid. »