Marcel Schwob
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Chaville 1867 – Paris 1905).
Il débuta par une intéressante Étude sur l'argot français (1889) et un article sur le Jargon des coquillards en 1445 (1890), dans lequel il soutient que Villon composa ses ballades argotiques dans la langue d'une association de malfaiteurs. Esprit ironique, attiré par l'étrange, et nanti d'une insatiable curiosité à l'égard de toute forme de culture tant historique que philosophique (Schopenhauer le marqua profondément) ou littéraire, avec une préférence pour les littératures grecque, latine, médiévale ou anglo-saxonne (cf. Spicilège, 1896), il acquit une culture encyclopédique que manifeste l'ensemble de son œuvre et fut une des figures intellectuelles centrales de la fin de siècle. Les traditions orientales, italiennes ou bretonnes, les guerres antiques et modernes comme les paradis artificiels hantent des recueils de contes à l'écriture particulièrement raffinée (Cœur double, 1891 ; le Roi au masque d'or, 1893). Sa Croisade des enfants (1896) lui fut inspirée par des récits hagiographiques du Moyen Âge ; ses Vies imaginaires (1896), par des lectures de textes anciens et son goût pour la peinture. On lui doit encore des poèmes en prose : Mimes (1894) et, surtout, le Livre de Monelle (1894), qu'on a comparé aux Nourritures terrestres et qui constitue un des livres clefs du décadentisme. Composé d'aphorismes, de conseils, d'allégories qui visent à une forme de morale philosophique, l'ouvrage comporte aussi des nouvelles parfois très courtes et énigmatiques, centrées sur un personnage changeant et gracile de très jeune fille dans une atmosphère mystérieuse.