Marcel Arland
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Varennes-sur-Amance 1899 – Saint-Sauveur-sur-École, Seine-et-Marne, 1986).
Ses premiers récits (Terres étrangères, 1923 ; Étienne, 1924 ; Monique, 1926) rompent avec la littérature « expressionniste » en vogue à l'époque et illustrent son manifeste Sur un nouveau mal du siècle (1924), où il analyse la disgrâce d'âmes malhabiles au bonheur, que ne peuvent traduire des écrivains qui préfèrent le « beau geste » à la véracité ténue. Si le héros de l'Ordre (1929) est un révolté, un contestataire, c'est d'abord par une absurde volonté de tout gâcher : il meurt, pardonné de tous, mais se maudissant lui-même. La véhémence de ce roman s'estompera par la suite, dans des recueils souvent conçus comme des vitraux dont chaque pièce, pour trouver un sens, doit être vue dans l'ensemble (Antarès, 1932 ; les Plus Beaux de nos jours, 1937 ; Il faut de tout pour faire un monde, 1947). L'usage répété de la banalité montre la vertu de cet indicible qu'on arrive à dire, sans « histoires » ni « attitudes ». Le monde des villages est peint, avec ses rancœurs, ses silences, ses « humbles miracles ». Aux histoires imaginées l'auteur mêle ses souvenirs (l'Eau et le Feu, 1956 ; À perdre haleine, 1960 ; le Grand Pardon, 1965 ; Proche du silence, 1973). Les émotions de l'enfance et de l'adolescence, les malédictions du couple, l'improbabilité qu'aux plus hautes exigences réponde le bonheur personnel sont quelques-uns des thèmes qui ne cessent de traverser l'œuvre, partagée entre la lueur intermittente des êtres, la splendeur de la nature et la médiocrité du quotidien (Avons-nous vécu ?, 1977 ; Ce fut ainsi, 1979 ; Lumière du soir, 1983). À cette activité du romancier s'ajoute celle de l'essayiste : Marivaux (1950), les Lettres de France (1951), la Grâce d'écrire (1955). Critique écouté, M. Arland fut avec Jean Paulhan (1953-1977) codirecteur de la N.R.F. Il a aussi écrit des « essais intimes » (la Consolation du voyageur, 1952 ; la Nuit et les sources, 1963 ; Avons-nous vécu ?, 1977 ; Mais enfin qui êtes-vous ?, 1981).