Livre des vers
(Shijing ou Classique de la poésie)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
C'est la première anthologie poétique chinoise. Elle rassemble 305 poèmes dont les plus anciens datent du xie siècle av. J.-C. Le texte actuel, longtemps attribué à Confucius, existait sans doute à la fin du vie siècle. Dès les Han, il fut reconnu comme le deuxième des Cinq Classiques confucéens. Son importance est donc sans commune mesure avec son contenu. Sa version officielle fut celle d'un certain Mao (iie s. av. J.-C.) qui visait à en faire exclusivement une poésie politique et historique à but moral. Le commentaire didactique de Zheng Xuan (127-200) confirma cette interprétation qui se perpétua jusqu'à l'époque moderne. Si le vers préféré de l'anthologie, quatre pieds plus une césure, n'a pas eu de succès durable, les deux procédés stylistiques employés couramment sont restés la base de l'écriture poétique chinoise : bi (comparaison) et xing (métaphore allusive). Cette anthologie se divise en trois sections. Les Guofeng, ou « airs des principautés », comptent 160 chansons d'origine paysanne à la structure simple (deux ou trois couplets autour d'un refrain), rassemblées dans 15 principautés de la Chine du Nord : ce sont principalement des poésies d'amour, des airs de mariage ou de travaux des champs ; ces couplets, chantés ou improvisés lors des fêtes saisonnières, restituent l'ambiance de la vie villageoise et décrivent avec spontanéité les sentiments de la jeunesse, au moyen de dictons empruntés à la vie de la nature. Les Ya, ou « poèmes raffinés », comptent 105 poèmes de la noblesse, décrivant chasses et festins, plus recherchés dans leur construction et leurs images. Enfin les Song, ou « hymnes », au nombre de 37, sont des récits épiques destinés aux cérémonies rituelles de la cour des Zhou (1066-221).