Jacques Peletier, dit Peletier du Mans
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Humaniste français (Le Mans 1517 – Paris 1582).
Pédagogue ayant occupé le poste de principal dans de nombreux collèges, il fut aussi professeur de mathématiques à l'université de Poitiers. L'œuvre spécifiquement scientifique de Peletier comprend de nombreux traités de mathématiques ainsi que deux ouvrages médicaux. La première de ses œuvres littéraires est une traduction de l'Art poétique d'Horace (1541), dont la Préface expose des principes qui annoncent les thèses de la Défense de Du Bellay. Les Œuvres poétiques de 1547 contiennent, à côté des traductions d'Homère, d'Horace, de Pétrarque et, surtout, de Virgile (il transpose les Géorgiques), des pièces originales dont les plus intéressantes (telles les Chaleurs torrides de 1547 et l'Homme de repos) sont consacrées à la description des spectacles de la Nature ou à des confidences personnelles. Mais c'est l'Amour des Amours (1555) qui constitue, dans le domaine poétique, le maître ouvrage de Peletier. L'ouvrage réunit un canzoniere d'inspiration pétrarquiste comprenant 96 sonnets, suivi, conformément au mouvement d'élévation de l'amour terrestre vers les réalités célestes prôné par la philosophie platonicienne, d'une série d'odes ayant pour objet la description des phénomènes célestes, des planètes et des saisons : c'est la première manifestation d'un genre qui devait se révéler fécond durant tout le xvie siècle, celui de la poésie scientifique.
L'Art poétique de Peletier (1555) comme celui de Sebillet (du plan duquel il s'inspire), est divisé en deux livres, le premier contenant des considérations générales sur la poésie et la langue poétique, le second traitant des questions de versification et examinant les différents types de poèmes français. Quoique empruntant une partie de sa doctrine à Horace, à Quintilien et au moderne Vida, il doit l'essentiel de son originalité au fait qu'il constitue une des plus exactes expressions théoriques de la doctrine de la Pléiade (encore que son auteur maintienne, vis-à-vis de celle-ci, une certaine indépendance d'esprit). De la poésie, dont il rappelle l'origine divine, Peletier se fait la plus haute conception ; du poète, il exige à la fois le sens de « l'honneur » et une vaste érudition ; il recommande en outre aux poètes français d'écrire dans leur langue maternelle, et affirme qu'il leur est possible de surpasser les Anciens, à condition de travailler à l'enrichissement de leur langue et de pratiquer une imitation intelligente.