Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Barbezieux, Charente, 1884 – La Frette-sur-Seine 1968).
II se fait connaître en 1921 par l'Épithalame, qui décrit la vie d'un couple en proie au temps qui passe, un temps doucement mais implacablement déchirant. Le thème de son œuvre est donné : Chardonne sera l'analyste du couple. La désagrégation domine aussi le Chant du bienheureux (1927) et les Varais (1929), qui met en parallèle la fin d'un amour et celle d'un domaine. L'auteur dit sans cesse la difficile insertion de l'amour dans le mariage et la fragilité de cet amour face à la force du destin et à la faiblesse des êtres (Éva, 1930 ; Claire, 1931). Le milieu social est encore ce qu'il y a de plus solide, et Chardonne, dans les Destinées sentimentales (1934-1936), fond ses motifs habituels dans la douce lenteur de la vie bourgeoise et provinciale : on ne souffre là que de « maux éternels » et on y respire les vieilles vertus (le Bonheur de Barbezieux, 1938). Cependant, Romanesques (1937), Chimériques (1948) et Vivre à Madère (1953) campent des personnages lucides et désabusés, en quête d'imaginaire. Moraliste, Chardonne fait volontiers le bilan des choses et des êtres (Demi-Jour, 1964 ; Propos comme ça, 1966) : l'écriture, contrairement à l'amour, est « habitable », et « l'art est la revanche de l'imperceptible ».