Henry Gauthier-Villars, dit Willy
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Journaliste et romancier français (Villiers-sur-Orge 1859 – Paris 1931).
L'une des personnalités littéraires les plus en vue du Paris fin de siècle et Belle Époque, très actif dans la presse (depuis les quotidiens à grand tirage jusqu'aux petites revues symbolistes et décadentes), il imposa le style irrévérencieux et blagueur de chroniques qu'il signait de pseudonymes variés, dont celui de « Willy » (diminutif de Villars). Sous celui de « L'Ouvreuse du Cirque d'été », il écrivit de nombreux textes de critique musicale, qu'il rassembla aussi en volumes (Lettres de l'ouvreuse, 1890 ; la Colle aux quintes, 1899, etc.). Mari de Colette de 1893 à 1906, il joua un rôle déterminant dans le lancement de la carrière littéraire de la romancière, avant qu'elle ne se sépare de lui ; pygmalion abusif, il signa six de ses romans, dont les quatre premiers volumes des Claudine. Des dizaines de romans à succès, délicieusement scandaleux et parisiens (Maîtresse d'esthètes, 1897 ; la Maîtresse du prince Jean, 1903 ; la Môme Picrate, 1904 ; Maugis amoureux, 1906 ; la Tournée du petit duc, 1908 ; Maugis en ménage, 1910 ; Lélie, fumeuse d'opium, 1911 ; la Femme déshabillée, 1922, etc.) sortirent par ailleurs des « ateliers Willy », jusque dans les années 1920, fruits des collaborations les plus variées (Jean de Tinan, Paul-Jean Toulet, Tristan Bernard, Francis Carco, Gyp, etc.). L'un des mérites controversés de Willy, dont le métier d'écrivain est incontestable, fut d'être un infatigable entrepreneur littéraire, pressentant le talent là où il se trouvait, quitte à exploiter au passage des collaborateurs auxquels il donnait aussi leurs chances. Il demeure, en tout état de cause, l'une des plumes les plus brillantes de la presse du tournant du siècle (Willy, Soirées perdues, 1894 ; Souvenirs littéraires... et autres, 1925).