Elsa Morante
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Femme de lettres italienne (Rome 1912 – id. 1985).
Esprit romantique et passionné, elle consacre toute sa vie à la littérature. 1941 est une date importante pour la narratrice : non seulement elle épouse Alberto Moravia, mais elle publie aussi son premier recueil de récits (le Jeu secret, 1941). Elle se distingue aussitôt des écrivains de sa génération par une sorte de « réalisme magique » qui puise son inspiration dans tout ce qu'une aventure humaine peut avoir de mystérieux. Quatre romans ensuite l'établissent comme l'une des romancières majeures de l'après-guerre. Mensonge et Sortilège (1948), roman-fleuve situé dans une ville indéfinie du sud de l'Italie, à la fin du xixe s. et au début du xxe s, évoque les désirs et les frustrations qui ont conduit trois générations de femmes à la mort. L'Île d'Arturo (1957), roman d'apprentissage, retrace dans le décor fabuleux de l'île de Procida, l'éducation sexuelle et sentimentale d'un adolescent. La Storia (1974), à la fois fresque historique et populaire, fait revivre dans la Rome des années 1941-1947, et à travers le petit Useppe et sa mère qui l'a conçu après avoir été violée par un soldat allemand, les horreurs de la guerre et de l'histoire, « ce scandale qui dure depuis dix mille ans ». Son dernier roman, Aracoeli (1982), est le point d'aboutissement de l'itinéraire littéraire de l'écrivain. Récit de la haine incestueuse que voue à sa mère un jeune bourgeois gauchiste et homosexuel, il enrichit de motifs psychologiques le « réalisme » de l'œuvre antérieure.