Antoine Girard, sieur de Saint-Amant
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète français (Quevilly, près de Rouen, 1594 – Paris 1661).
Né dans une famille protestante, fils de marin, il se convertit au catholicisme (1627) et fréquenta tant le salon de Mme de Rambouillet et les poètes bien en cour que les libertins (il rencontra T. de Viau, Galilée et Campanella) et les cabarets. Entré au service de grands aristocrates, il les accompagna dans leurs voyages (ou leurs expéditions militaires) sur terre et sur mer en Europe, puis se rendit en Pologne, en tant que secrétaire de la reine Marie de Gonzague. Son œuvre, marquée par l'influence des poètes italiens, se place sous l'égide du « caprice » : liberté et variété de l'inspiration, tantôt lyrique (la Solitude, 1618), bachique (les Goinfres, le Melon), fantastique (les Visions) ou encore satirique (le Poète crotté, 1631 ; la Rome ridicule, 1643), et pratique de l'héroï-comique, défini comme mélange d'héroïque et de burlesque (le Passage de Gibraltar, 1640). Dans le même esprit, mais selon une veine plus nuancée, il travailla longtemps à une « idylle héroïque », Moïse sauvé (1653), qui choqua le nouveau goût classique par sa variété (selon lui, tous les styles « peuvent, excepté le bas, trouver une place légitime dans un grand poème », Préface), jugée désormais discordante et malséante dans un poème sacré. La poésie était pour lui une peinture (il excelle dans la poésie descriptive), destinée à charmer ; elle consiste aussi dans le maniement virtuose des formes poétiques et d'une langue infiniment riche et diverse, faite de mots techniques et d'archaïsmes, de mots populaires et de mots savants... « Moderne » (il préfère la culture européenne contemporaine à l'Antiquité), il prétendait « suivre sa nature » et obéir à sa fantaisie.