Alfred, lord Tennyson
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète anglais (Somersby, Lincolnshire, 1809 – Aldworth, Surrey, 1892).
Fils de pasteur, il débute avec un de ses frères (Poèmes de deux frères, 1827), mais doit interrompre ses études (1831) malgré la célébrité de ses Poèmes surtout lyriques (1830), dont la tonalité mélodique masque et révèle un désespoir sans cri. Ce recueil et celui que Tennyson fait paraître en 1833 seront, une quinzaine d'années plus tard, une source d'inspiration majeure pour les peintres préraphaélites, notamment le poème consacré au personnage mythique de la Dame d'Escalot. Les Poèmes de 1842 mêlent la poétisation de l'actualité immédiate au romanesque « éternel », multipliant les allusions au « mal de vivre ». Dans la Princesse (1847), long poème narratif, Tennyson imagine une université féminine. In memoriam (1850), recueil d'élégies, exprime la douleur dans laquelle l'a plongé la mort de son ami Arthur Hallam, survenue en 1833 ; face aux doutes semés par la science, seule l'expérience du deuil ranime la foi en l'immortalité de l'âme. Succédant à Wordsworth comme poète lauréat, Tennyson revient au mélodrame narratif avec Maud (1855), Tithonus (1860), Enoch Arden (1864), Queen Mary (1875), Ballades et autres poèmes (1880), Tiresias (1885), Demeter (1889) et la Mort d'Œnone (1892). Entre 1842 et 1885, il élabore l'ambitieux volume intitulé les Idylles du roi, série de douze récits en vers sur des thèmes arthuriens. La version définitive inclut un premier fragment, la Mort d'Arthur, publié en 1842, et quatre textes de 1859 (Geraint et Enid, Merlin et Viviane, Lancelot et Elaine, Guenièvre), peu à peu complétés par d'autres aventures liées au mythe de la Table ronde. Les drames historiques de Tennyson (Queen Mary, 1875 ; Becket, 1884) expriment les élans insatisfaits de la nation. L'art est consolateur, la vie impossible, la noblesse, même vaine, sauve. Face aux éclats de vitalité de Browning et presque toujours sur les mêmes thèmes, Tennyson incarne toute la mélancolie victorienne. Après sa mort en 1892, l'Angleterre resta pendant quatre ans sans poète lauréat, jusqu'à ce que soit choisi Alfred Austin (1835-1913), poète de seconde zone.