Weather Report
Groupe américain de jazz-rock créé à la fin des années 1970, par deux musiciens ayant quitté les formations de Miles Davis- Wayne Shorter (saxophone ténor, saxophone soprano), Joe Zawinul (piano, claviers), d'origine autrichienne- et Miroslav Vitous (contrebasse).
Ce « Bulletin météorologique » produit une musique échappant à toutes les étiquettes mais fortement épicée de multiples apports exotiques grâce à la présence de différents percussionnistes et batteurs. Une nouvelle orientation est prise en 1976 avec l'arrivée du bassiste Jaco Pastorius (1951-1988) et une prépondérance des rythmes binaires, puis le groupe s'engage peu à peu, jusqu'à sa dissolution en 1985, dans l'utilisation de sons électroniques en faisant appel aux nouvelles technologies. Parmi ses enregistrements, citons Black Market (1975), Heavy Weather (1976), Mr. Gone (1977) et 8 : 30 (1979).
Peu de formations dans l'histoire du jazz auront reflété aussi complètement l'esprit d'une époque, voire d'une génération. Au départ, il y a l'impulsion de Miles Davis, qui, dès 1969, montre la voie d'une « fusion » qui va virer à l'éruption sauvage et éphémère, et s'achever en implosion tragique par l'épuisement momentané du trompettiste en 1975.
Le saxophoniste Wayne Shorter quitte le groupe de Miles en 1970 : il a donc participé à la première phase de cette expérience alchimique où s'élabore un alliage de pointe entre le hard bop, le funk, le romantisme hendrixien, un certain goût pour l'atonalité issu du free jazz, l'hyper-modalisme coltranien, et aussi de multiples apports exotiques : caraïbes, hindoustanis, africains et- ce que Shorter retiendra le plus- brésiliens. C'est avec un autre « ancien de chez Miles » que le saxophoniste va tenter de poursuivre une œuvre déjà substantielle.
Joe Zawinul (1932) joue depuis l'enfance de nombreux instruments, dont l'accordéon. Arrangeur pour Friedrich Gulda, il est le pianiste de Dinah Washington (1960), puis de Cannonball Adderley (1961-1969), avant de passer un an chez Miles, pour qui il compose une part des albums décisifs que sont Bitches Brew et Lives Evil. Après quelques leçons de Roger Powell, le facteur des synthétiseurs ARP, il en devient le meilleur utilisateur, et c'est avec une grande avance technologique qu'est enregistré un premier album simplement intitulé Weather Report. Très librement improvisé, et fortement épicé de rhythm and blues, on y trouve déjà un « son » inimitable. Comme l'indique le nom du groupe- « bulletin météo »-, le but est de traduire, au fil des mois, le climat musical ambiant…
En 1976, le temps change brutalement avec l'arrivée d'un ouragan nommé Jaco Pastorius, qui amplifie le rôle moteur de la basse, puis d'un véritable arc-en-ciel de sons grâce à l'adoption du synthé polyphonique : Weather Report brasse désormais un ensemble de plus en plus riche de riffs à la Duke Ellington (dont sont repris plusieurs thèmes) de voix, de bruits et de timbres instrumentaux dont la succession évoque un tour du monde à la vitesse du son. Dans ce foisonnement inouï, la présence de Shorter semble s'estomper progressivement, et le groupe finira par se dissoudre en 1985. Les nouveaux orchestres de Zawinul- Zawinul Syndicate- et de Shorter en prolongeront le dialogue électroacoustique, sans en retrouver la puissance évocatrice.