Peter, Paul and Mary

Groupe vocal américain de folk formé en 1961 par Peter Yarrow, Noel Paul Stookey et Mary Allin Travers.

Tout au long des années 1960, Peter, Paul And Mary ont incarné l'aspect le plus sage, le plus respectable, le plus sérieux, le plus prude et le plus commercial du mouvement folk. Pour ceux que l'intensité, la voix et la mutation rock de Bob Dylan effrayaient, que le radicalisme de Phil Ochs rebutait, que le trouble palpable de Joan Baez dérangeait, le trio constituait une sorte de refuge de bon aloi, bien-pensant, bien-chantant, bien-votant, qui n'en participait pas moins activement au « Mouvement » et couvrait l'ensemble des préoccupations étudiantes et militantes de l'époque.

L'ombre de Bob. Réunis courant 1961 à l'initiative du producteur Albert Grossmann dans le but d'initier une version plus jeune du populaire Kingston Trio, le diplômé Peter, le comédien Paul et la chanteuse Mary (tous trois nés entre 1937 et 1938), auxquels il fut un temps envisagé d'adjoindre l'excellent guitariste Dave Van Ronk, faisaient déjà partie de la scène folk florissante de Greenwich Village. Leurs harmonies lyriques et leurs phrasés sentencieux allaient aussitôt leur permettre de dépasser le simple cadre du circuit des cafés et des clubs folks pour toucher le grand public avec une série de tubes imparables aux paroles clairement énoncées. Le premier tube fut un classique du répertoire de Pete Seeger, If I Had A Hammer (en français, Si j'avais un marteau, qu'adapta Claude François), que Mary avait déjà interprété avec lui à l'âge de quatorze ans, lorsqu'elle était encore membre des Songswappers. Le second sera une chanson pour enfants (l'une de leurs spécialités) écrite par Peter, Puff (The Magic Dragon). Mais c'est en popularisant les premiers les chansons de Bob Dylan que Peter, Paul And Mary allaient s'assurer leur place dans l'histoire. En juillet 1963, au moment où ils se produisent en vedette au Festival de Newport, leur version de Blowin'In The Wind est № 2 au hit-parade. Ils récidivent à la rentrée avec Don't Think Twice It's Alright, autre extrait de l'album The Freewheelin'Bob Dylan, dont ils offrent à Hugues Aufray un exemplaire qui suscitera Aufray chante Dylan. Au passage, le Français reprendra aussi — et avec quel succès — leur version de Stewball. Fin août, le trio chante Blowin'In The Wind avec son auteur pour la foule rassemblée devant le Monument de Washington, face au Capitole, quelques minutes avant le discours historique de Martin Luther King. Et à Newport, deux ans plus tard, Peter Yarrow, devenu l'un des directeurs du festival, se fera le champion du Bob Dylan électrique, qui se présentera sur scène accompagné par Paul Butterfield Blues Band, auquel les autres programmateurs veulent couper le courant. Lorsque Dylan et son groupe quittent la scène, c'est lui qui s'empare du micro et exhorte le public à le rappeler. Le trio enregistrera encore nombre de ses chansons, obtenant un nouveau succès en 1967 avec Too Much Of Nothing.

Sympathiques. L'album In The Wind, qui contient ces deux premières reprises fondatrices, devient № 1 fin 1963, le premier d'une série de cinq disques qui se vendront à plus de un million d'exemplaires. Parmi eux, Album, qui voit Peter, Paul And Mary opter à leur tour pour l'électricité en 1967, avec la complicité de la brillante équipe de Dylan et de Grossman : Paul Butterfield, Mike Bloomfield et Al Kooper. I Dig Rock'n'Roll Music, cinquième de leurs titres à entrer dans le Top 10 américain, est une profession de foi sincère et sympathique, mais un peu pathétique, tant on sent la volonté du trio de rester « dans le coup », de suivre le mouvement qui pousse alors les musiciens de New York vers la Californie, et d'imiter les Mamas and Papas, avec force clins d'œil en direction de Donovan et des Beatles.

Le trio décroche le plus gros succès de sa carrière en 1969 avec Leaving On A Jet Plane de John Denver, № 1 aux États-Unis et № 2 en Angleterre, quelques mois seulement avant d'annoncer sa séparation.

Aucune de leurs carrières solo ne débouchant sur grand-chose, de nombreuses réunions des trois auront lieu : dès 1972, pour soutenir la candidature du démocrate George McGovern contre Nixon, puis en 1978, 1982, 1988 et 1993, avec à la clé des albums dépassés ne s'adressant qu'à un public de nostalgiques. Entre-temps, Peter Yarrow se reconvertira dans le business, Paul reprendra sa carrière de comédien et Mary Travers deviendra l'une des animatrices de radio les plus fameuses des États-Unis.

Porte-parole de la nouvelle gauche des années 1960, rénovateur du mouvement folk, conservateur de la chanson américaine, vulgarisateur de jeunes auteurs de talents (Laura Nyro et Gordon Lightfoot, en plus de Dylan), Peter, Paul And Mary mérite sa place de trio le plus populaire de l'histoire du folk américain.