les Vacances de M. Hulot

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Comédie de Jacques Tati, avec Jacques Tati (M. Hulot), Nathalie Pascaud (Martine), Louis Perrault (M. Fred), Michèle Rolla (la tante), André Dubois (le commandant), Valentine Camax (l'Anglaise), Lucien Frégis (l'hôtelier), Suzy Willy (la commandante), Raymond Carl (le garçon).

  • Scénario : Jacques Tati, Henri Marquet
  • Photographie : Jean Mousselle, Jacques Mercanton
  • Décor : Henri Schmitt
  • Musique : Alain Romans
  • Montage : Jacques Grassi, Ginou Bretoneiche, Suzanne Baron
  • Production : Fred Orain (Cady-Films et Discina)
  • Pays : France
  • Date de sortie : 1953
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 36
  • Prix : Prix de la Critique internationale, Cannes 1953 ; prix Louis-Delluc 1953 ; Prix du meilleur film de l'année, Cuba 1956 ; « Golden Laurel Award », Édimbourg 1958

Résumé

« Juillet. Premier mois des grandes vacances populaires… Dans le hall d'une grande gare, la foule des citadins s'affaire le long des convois sous pression qui vont les conduire aux lieux choisis de leurs vacances. Sur la route, d'autres citadins, pourvus de voitures, foncent eux aussi vers leurs lieux de vacances. » Tati résume ainsi le point de départ des Vacances de M. Hulot. Le film n'a pas à proprement parler d'intrigue mais la façon dont M. Hulot perturbe, avec la meilleure volonté du monde, les vacances des autres personnages fournit une suite de situations comiques qui sont à mi-chemin entre un récit unique et brisé et une suite de sketches. L'action du film se situe donc entre un hôtel et une plage où une faune d'« estivants modestes, de familles nombreuses et d'habitués » passe les grandes vacances. Ces gens « sérieux » se méfient de M. Hulot et ce dernier, pour se faire accepter d'eux, ne cesse d'aggraver son cas. Successivement, il se met à dos un propriétaire de bateau, le patron de l'hôtel, un ancien militaire, un homme d'affaires. Mais ceux – enfants compris – qui sont restés proches de l'enfance reconnaissent Hulot comme l'incarnation même de l'idée de « vacances ».

Commentaire

Un univers stylisé

Avec ce deuxième long métrage qui crée le personnage de M. Hulot, Tati donne un tableau inoubliable de la France du début des années 1950, un pays archaïque, encore pauvre et soucieux de hiérarchie. Hulot n'est pas révolté par le conformisme des petites gens et c'est en voulant s'intégrer à leur monde qu'à la fois il déclenche le rire et permet de prendre conscience des limites de ce monde. En ce sens, Tati qui vient du mime et du cirque est aussi le premier grand comique moderne, celui qui a le mieux perçu l'évolution de la société française, qui a compris que les raisons de rire changeaient, tout comme changeaient le langage et la technique du cinéma. Les Vacances de M. Hulot tire sa force d'un sens aigu de l'observation mis au service d'une « reconstruction » scrupuleuse de ce qui a été observé. Non seulement Tati, comme tout mime, stylise les gestes et les corps, mais il stylise aussi l'univers sonore et reste le cinéaste après lequel il a été impossible d'écouter un film « distraitement ».

  • 1953 Les Vacances de M. Hulot, film de J. Tati.