la Nuit de cristal
Nom donné aux violences antisémites qui, à l'instigation du parti nazi, embrasèrent, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la plupart des villes d'Allemagne et d'Autriche.
L'assassinat, le 7 novembre à Paris, du conseiller d'ambassade Ernst vom Rath par Herschel Grynszpan, un jeune Juif de 17 ans, fournit aux SA, aux SS et à la Gestapo un prétexte pour déchaîner une violence antisémite planifiée depuis longtemps par Himmler et Heydrich.
La Nuit de cristal se solda par la mort de 91 juifs, la destruction de 7 500 magasins et l'incendie de plus de 250 synagogues. Ce pogrom fut aussi le signal de la première vague d'arrestations de quelque 35 000 Juifs qui furent aussitôt déportés vers les camps de concentration alors existants : Dachau, Oranienburg-Sachsenhausen et Buchenwald.
En Autriche, où la Nuit de cristal fut particulièrement violente, 6 500 Juifs furent arrêtés par la Gestapo ; 3 000 d'entre eux furent déportés à Dachau. Outre une amende d'un milliard de marks qui fut imposée aux Juifs « pour payer les dégâts », de cette nuit de violences (appelée « de cristal » par allusion aux débris de verre des vitrines saccagées), le régime nazi mit aussitôt en œuvre un vaste plan de spoliation des Juifs allemands : dès le 12 novembre, une circulaire ordonna la fermeture de tous les commerces de détail tenus par des Juifs et la radiation de tous les artisans juifs des registres professionnels. Cette aryanisation fut complétée le 3 décembre par un décret étendant ces interdictions à toutes les entreprises industrielles et aux biens immobiliers juifs.
À la suite de ce déchaînement de violences, l'émigration juive s'intensifia vers la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Palestine. En 1940, le gouvernement de l'État français livra H. Grynszpan aux nazis.
Pendant longtemps on a cru que H. Grynszpan avait assasssiné vom Rath pour venger les persécutions dont ses parents avaient été victimes en Allemagne. La lecture des archives a révélé que l'assassin et sa victime s'étaient en fait rencontrés dans des cercles homosexuels parisiens et tout porte à croire qu'ils eurent une liaison ensemble. H. Grynszpan séjournant à Paris dans la clandestinité avait demandé à vom Rath de lui délivrer un visa d'entrée et de sortie pour regagner l'Allemagne. Le secrétaire d'ambassade refusa. C'est sans doute cette fin de non recevoir qui motiva le geste de Grynszpan.
Lorsque les nazis commencèrent à comprendre la nature des relations qui avaient très certainement uni ces deux hommes, ils furent bien embarrassés : l'homosexualité n'était-elle pas un « crime » aux yeux du IIIe Reich ? Pour éviter le scandale, ils tentèrent, sans succès, d'obtenir de l'ambassadeur Welczeck un témoignage par lequel il aurait démontré que c'était lui et non son secrétaire que Grynszpan avait cherché à tuer. Finalement, le procès n'eut jamais lieu. Grynszpan fut sans doute déporté au camp d'Oranienburg-Sachsenhausen.
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