vase
(latin vas, vasis)
Récipient, de matière, de grandeur et de forme variables.
Récipients de formes variées, en terre cuite, faïence, porcelaine, pierre, marbre, verre ou métal, les vases sont destinés à contenir des liquides, des fleurs, voire à servir d'ornement dans les jardins ou les palais.
Les vases antiques
Les vases d'art que les peuples de l'Antiquité nous ont laissés peuvent se classer d'après la matière dans laquelle ils ont été fabriqués, d'après leur destination et leur provenance. La plupart sont des produits céramiques, mais il en existe également qui ont été réalisés à partir du bois, de la pierre, du marbre, du verre, du bronze, de l'or, de l'argent et même de pierres précieuses.
L'usage de vases de calcaire blanc, de serpentine, de granite et surtout d'albâtre oriental était très répandu chez les Égyptiens, dont les célèbres vases canopes (vers 2000 avant J.-C.), à couvercle en forme de tête humaine, renfermaient les viscères des corps devant être momifiés. Les Grecs et les Romains employèrent aussi le marbre et le porphyre, dans le but de fabriquer des vases le plus souvent destinés à contenir les cendres des morts ou, comme le grand cratère de marbre orné de bas-reliefs dit vase Borghèse (Louvre), réservés à la décoration des riches demeures et de leurs jardins.
Si l'on a retrouvé une grande quantité de vases antiques en verre et en bronze, peu de vases d'or et d'argent, de cristal de roche, de jaspe, d'agate ou d'onyx nous sont parvenus. Avec un ensemble de cent deux pièces d'argenterie découvert à Bosco Reale, près de Pompéi, en 1895, le Louvre possède l'une des plus belles collections de vases précieux de l'époque hellénistique. Aujourd'hui, ce sont les vases de terre cuite qui attirent plus particulièrement l'attention car leurs peintures nous révèlent une foule de particularités relatives aux mœurs et aux usages des Anciens ou à leurs croyances et à leurs traditions mythologiques.
Le plus grand nombre des vases peints conservés dans les musées et les collections particulières proviennent de Campanie, Grande-Grèce et Grèce proprement dite.
Les différentes formes
Les Étrusques, les Grecs et les Latins, qui excellaient dans l'art de la poterie, employaient la terre cuite à des ouvrages très variés et ils en faisaient des vases ayant toutes les dimensions possibles, de la jarre ou tonneau pithos, dolium, qui servait à contenir le vin, l'huile et d'autres denrées, jusqu'aux petits flacons, appelés lécythes, destinés aux parfums les plus précieux. Grands vases à deux anses dont le fond était plus étroit que la panse, ou parfois terminés en pointe de façon à pouvoir les faire tenir debout piqués dans le sable, les amphores (amphora, qui se porte des deux côtés) étaient d'un usage courant. On peut d'ailleurs en rapprocher la lagaena, sorte de vase large, mais au col court et à un pied. Beaucoup d'ustensiles de cuisine et les vases prévus pour servir à table étaient aussi en terre cuite. Les vases destinés à préparer les boissons et les vases à boire forment une catégorie très importante. Le cratère était un récipient d'une grande capacité et à large ouverture contenant le vin mêlé d'eau dont on remplissait les coupes à boire ; le mixtarius était réservé au même usage. L'acratophorum et la lepasta ou lepista, de plus petites dimensions, contenaient le vin pur. L'eau qui servait aux mélanges était gardée dans des hydries, vases à trois anses dont une verticale. Pour servir les convives, les esclaves puisaient le vin mêlé dans le cratère, soit au moyen d'une coupe munie d'une anse, et appelée cyathe kyathos, soit d'une espèce de vase en forme d'aiguière ou de burette, et également muni d'une anse, nommée épichysis ou nochoé. Le mot poculum était le terme générique latin par lequel on désignait toute espèce de coupe à boire, mais ces vases n'en recevaient pas moins des noms particuliers suivant leurs dimensions et leurs formes : le calice (coupe peu profonde munie d'un pied bas et de deux petites anses), le canthar (autre récipient à deux anses, mais beaucoup plus profond) ou le rhyton (vase en forme de corne terminée par une tête d'animal). La patère, dite aussi phiale, sorte de soucoupe très plate, était réservée aux usages religieux. Quant aux urnes, dans lesquelles on déposait les ossements et les cendres des morts, elles affectaient des formes moins élégantes que celles des vases servant uniquement à la décoration, comme les vases dits plastiques en forme de tête de femme (ve siècle avant J.-C.).
Presque tous les vases peints, en usage chez les peuples de l'Antiquité, ont été retrouvés dans les tombes : c'est ce qui explique leur excellent état de conservation.
Les vases anciens de la Chine
La découverte, entre 1954 et 1957, sur le site archéologique de Banpo près de Xi'an (Shenxi) de petites amphores (15 cm de haut) en terre cuite, à deux anses et fond pointu, nous révèle l'usage de vases en Chine à une époque très reculée du Néolithique (vers 5000 avant J.-C.). Les cultures néolithiques de Yang Shao dans le Gansu (amphores à deux anses, fond plat et décor zoomorphe), de Longshan (aiguière tripode ting ou kouei) marquent ensuite la diversité des styles de la céramique chinoise, avant l'apparition des vases en bronze de Chengzhou (capitale des premiers Shang, dans le Henan), qui, trouvés en 1951-1955, sont les plus anciens que nous connaissions (1500 avant J.-C.).
Fondée au milieu du xlve siècle avant J.-C., Anyang (Henan), nouvelle capitale des Shang, abrite plus de 2 000 tombes réparties entre divers sites (Xiatun, Wukang, etc.), qui ont livré toutes sortes de vases en bronze ou en argile rustique, dont l'ornementation géométrique sera reprise aux premiers temps de la dynastie des Zhou occidentaux (xie-viie siècle avant J.-C.). Le tripode li, récipient en bronze ou en terre destiné à la cuisson des aliments, le hien, vase pour cuisson à la vapeur, le touei et le lei (« urnes » en bronze servant à l'offrande du grain), le tsouen, vase à boire, les trépieds kia et tsio, qui servaient à conserver les liquides, sont les principaux types de vases, déjà connus sous les Shang, que l'on retrouve sous les Zhou. Parmi les spécialistes, certains considèrent que l'on peut faire remonter à cette période l'apparition de jarres et de vases en protoporcelaine (grès à couverte de feldspath contenant du kaolin impur et cuit à haute température).
Bronze incrusté d'or et d'argent avec décor de dragons stylisés et géométrisés, le vase à vin tsouen en forme de boîte, qui fut découvert en 1965 dans l'une des trois grandes tombes du royaume de Zhou à Jianling (Hubei), est une des plus belles pièces de l'époque des Royaumes combattants (480-222 avant J.-C.).
Sous la dynastie des Qin (221-207 avant J.-C.), la plupart des vases rituels en bronze conservent un décor de dragons stylisés.
À l'époque des Han antérieurs, la forme des vases de terre cuite, et plus particulièrement celle des vases hou, s'inspire de l'esthétique des récipients en bronze ; la décoration imite les motifs géométriques profanes (laques et miroirs), tandis que la technique d'incrustation du bronze se perfectionne. La céramique au temps de la dynastie des Qin (265-419 après J.-C.) continue les formes des Han, mais les vases sont de plus petites dimensions et leurs glacis brun jaunâtre et vert franc, qui préfigurent les trois couleurs des Tang, se sont substitués au glacis olivâtre des Han.
Les vases tang, urnes au long col, gourdes aplaties, aiguières zoomorphes, etc., offrent une grande variété de formes dont quelques-unes (amphores à deux anses), transmises par l'Iran, présentent un caractère nettement hellénistique. L'époque des Tang affirme, en outre, un goût très prononcé pour la polychromie, que révèle le décor jaune, vert et bleu sur fond blanc crème – dit San tsai (trois couleurs) – de certaines pièces vernissées avec « coulures ».
Sous les Song, la céramique chinoise est à son apogée : les céladons – grès revêtu d'une couverte à base de fer cuit « en réduction » à l'abri de l'air – unissent une très grande beauté formelle à un choix extrêmement raffiné des coloris et de la matière. Les vases à couverte blanc ivoire produits par le four de Ding (Hebei), les craquelés Kouan et Ko, les céladons verts du four de Longquan (Zhegiang), les vases Kien à émail brun clair taché de beige dits « fourrures de lièvres », ceux à couverte bleutée dits Ying-tsing et les vases à décors floraux de la fabrique de Cizhou (Hebei) comptent parmi les plus prestigieuses productions de cet art céramique des Song, qui fut par ailleurs assez largement exporté. Bien que les céramistes de la dynastie des Yuan (1280-1368) aient mis au point un bleu à base de cobalt qui sera abondamment employé sous les Ming, ils ne parvinrent pas à maintenir le prodigieux élan créateur de l'époque song.
À la période ming (1368-1644) correspond une renaissance éclatante de la porcelaine chinoise à fond blanc avec décor bleu, bleu poudré, « bleu musulman », sang-de-bœuf, etc. Dans la très abondante production ming, le vase à fleurs Meiping, les vases en forme de gourde et de double gourde se distinguent des récipients dont la forme imite les anciens vases de bronze.
La céramique est encore le grand art de l'époque Qing (1644-1911) et les règnes de Kangxi (1662-1722), de Yongzheng (1723-1736) et de Qianlong (1736-1796) comptent comme autant de périodes fameuses, au cours desquelles on ne cessa de faire d'étonnants progrès sur le plan technique. Si les vases monochromes fabriqués sous Kangxi sont d'une grande beauté, la porcelaine des Qing marque avant tout le triomphe des vases polychromes à décor peint, connus sous diverses appellations qui correspondent à des catégories célèbres : « bleus et blancs », « famille verte », « famille rose » et « famille noire ».
Les vases de l'Amérique précolombienne
La céramique, qui fit son apparition sur les territoires de l'Amérique moyenne au IIIe millénaire, a joué un grand rôle dans l'art des peuples de l'Amérique précolombienne, et la première en date de ces civilisations, la civilisation olmèque, a fait preuve, dans ce domaine, d'une maîtrise qui annonce celle des grandes civilisations classiques : el Tajín ou Totonaque, Teotihuacán, Maya et Zapotèque.
Objets utilitaires ou cultuels d'une extrême diversité dans leur forme et leur décor, les vases mayas ont fait l'objet d'une classification permettant de distinguer les vases et les jarres à fond plat de la période famon (850-vers 500 avant J.-C.), les vases bichromes de la période ghikanel (500 avant J.-C.-début ère chrétienne), les récipients polychromes tripodes et tétrapodes de la période tzakol (300-600), enfin certains vases polychromes avec supports et bords crénelés qui appartiennent, avec la poterie à décor en relief, à la période tepeu (600-950). Contemporaine des Mayas, la civilisation de Teotihuacán a produit une poterie qui, très tôt exécutée au moule, a été répandue en divers endroits du Mexique et jusqu'au Guatemala. La forme la plus typique de cette poterie est celle d'un vase cylindrique tripode, décoré de motifs mythologiques aux couleurs vives, parfois incisés selon la technique du cloisonné.
Les Totonaques, outre leurs célèbres « têtes souriantes », ont exécuté des vases polychromes d'une facture tout à fait remarquable ; mais c'est aux Zapotèques que l'on doit l'une des formes les plus complexes et les plus originales de la céramique précolombienne, représentée par des urnes funéraires en terre cuite d'aspect anthropomorphe, véritables statues d'un extraordinaire panthéon de divinités.
La céramique aztèque, qui emprunte ses techniques et ses styles aux Mixtèques (668-1521), n'offre pas, quant à elle, une originalité comparable à celle des cultures précolombiennes de l'Amérique du Sud, riches de la production péruvienne des Mochicas (ve-xe s. après J.-C.), des Chimús (vases « siffleurs »), des Nazcas (vases à panse céphalomorphe avec décor polychrome à face humaine), et surtout des Incas, dont les magnifiques vases à anse en étrier, empruntant des formes plastiques, composent le plus souvent d'étonnants portraits naturalistes de dieux, de guerriers, de musiciens ou de malades, des scènes érotiques et des figures animales.
Classification des vases antiques grecs
Au point de vue artistique, on peut classer les vases grecs en quatre grandes catégories:
Les vases archaïques, fabriqués durant la période homérique (style géométrique) et aux viie et vie siècles avant J.-C. Les principaux ateliers de céramique se trouvaient alors à Corinthe (cratère d'Amphiaraos), à Athènes (où travaillaient des potiers célèbres comme Exétias, Ergotimos ou Nicosthène, signataires de leurs œuvres) et en Ionie. C'est dans ces ateliers que se développa le style à figures noires tracées sur fond rouge ou jaune en manière de silhouettes.
Les vases à figures rouges, produits aux ve et ive s., tout d'abord dans le style dit sévère (typique des œuvres d'Euphronios, Brygos et Douris), puis, entre 460 et 400, dans le style libre où l'on reconnaît l'influence de Polygnote de Thasos et de Phidias, enfin dans le style fleuri (Meidias). À la fin du ive siècle, les vases à figures rouges disparurent au fur et à mesure que le centre de la production céramique se déplaçait de Grèce en Grande-Grèce. Dans les vases à figures rouges, le potier couvrait la surface extérieure du vase d'une couleur noire, en épargnant la place et la forme des figures qui prenaient ainsi la couleur de la pâte.
Les vases à fond blanc (lécythes représentant Hypnos et Thanatos).
Les vases à figures en relief, qui abondèrent en Grande-Grèce et en Italie du Sud, surtout à l'époque hellénistique.