traite des Noirs ou traite négrière
Trafic d'esclaves noirs.
La traite était destinée à fournir aux colonies de plantations intertropicales la main-d'œuvre noire. Les Noirs du golfe de Guinée étaient destinés aux plantations américaines des Antilles, du nord-est du Brésil, puis du sud-est des futurs États-Unis ; les Cafres et les Noirs de Mozambique, aux îles Mascareignes (île Bourbon, île de France), où ils furent renforcés par des Malgaches ou par des Indiens (notamment ceux de Pondichéry).
Les Portugais et surtout les Espagnols sont les premiers intéressés à ce trafic. Mais ces derniers, ne possédant pratiquement aucun point d'attache sur la côte occidentale d'Afrique, sont contraints d'affermer le monopole (asiento) à des compagnies, qui doivent fournir annuellement 3 000 à 4 000 esclaves aux colonies espagnoles. Ce monopole, d'abord concédé à des compagnies portugaises, puis néerlandaises, est accordé à la Compagnie française de Guinée en 1701, puis à la South Sea Company anglaise en 1713 ; la traite devient libre en 1759.
Dans l'océan Indien, la Compagnie française des Indes orientales, qui s'est assuré, dès le xviie siècle, le monopole de la traite des peuples de couleur, laisse les colons des Mascareignes libres d'acheter des esclaves asiatiques ou africains moyennant le versement de certains droits.
Les bateaux négriers partent des ports européens, chargés de pacotille, pour les côtes de Guinée (entre Gorée et l'Angola [3 500 km]), divisées en plusieurs secteurs où sont établis des comptoirs de traite. Là, les navires négriers obtiennent, en échange de leur chargement, 300 à 400 Noirs réduits en esclavage à la suite de guerres intestines ; ces hommes, entassés entre deux ponts, sont dirigés vers l'Amérique. L'absence d'hygiène fait mourir 10 à 15 % des passagers.
À l'arrivée, les Noirs sont exposés et vendus, généralement contre des marchandises ou des lettres de change, aux propriétaires des latifundia, si bien que l'argent n'apparaît qu'au retour en Europe, quand les produits coloniaux sont vendus.
Ce trafic triangulaire est un des principaux moyens d'accumulation de capitaux à l'époque moderne, et de dispersion de l'argent du Pérou ou du Mexique en Europe. À la fin du xviiie siècle, ce trafic a permis le transfert de plusieurs millions de Noirs dans le Nouveau Monde ; il a également développé l'économie des pays tropicaux en fonction des besoins de l'Occident et assuré la prospérité des grands ports négriers européens au xviiie s., notamment Nantes et Bordeaux.
La traite sera condamnée puis interdite au xixe siècle. Elle survivra cependant en France jusqu'en 1848 et sur les côtes portugaises d'Afrique (3 000 à 4 000 Noirs vendus tous les ans au cap Lopez pour São Tomé vers 1875).
Pour en savoir plus, voir l'article esclavage.