tour Eiffel
Monument métallique érigé par G. Eiffel sur le Champ-de-Mars, à Paris, pour l'Exposition universelle de 1889.
Les tours des cathédrales ne dépassaient guère 400 ou 500 pieds (156 m à Cologne). L'idée d'une tour en fonte de 1 000 pieds, ou 300 m, revient à l'ingénieur anglais Trevithick (1833). En 1888, E. Neve et F. Hennebique songeront encore à une tour en bois. Dès 1878, Dyckhoff, chef des études de la société Eiffel, à la lumière des grands ponts réalisés par l'entreprise, propose la construction d'une tour en fer ; et quand, en 1884, le projet se forme de célébrer le centenaire de 1789, Émile Nouguier et Maurice Kœchlin, ingénieurs de cette société, calculent le projet et s'assurent la collaboration de Stephen Sauvestre pour la décoration architecturale.
Le 1er mai 1886, le ministre du Commerce Lockroy ouvre le concours de l'Exposition, y inclut le programme d'une tour de 300 m sur une base de 125 m de côté. Le 12 juin, le projet Eiffel est choisi entre 700 concurrents ; le 8 janvier 1887, le contrat de construction est signé avec Lockroy et le préfet Poubelle (1831-1907). Les fondations, commencées le 28 janvier, durent 5 mois ; le montage, effectué en 21 mois par 200 ouvriers, est achevé le 31 mars 1889. Pour spectaculaire qu'il soit, ce gigantesque pylône treillissé, préfabriqué en éléments de 10 m pour limiter le rivetage sur chantier à un tiers du total, offre 4 kg seulement de charge par centimètre carré de fondations ; il reste une structure légère et perméable au vent (poids 7 341 t, fondations et aménagements exclus).
Les quatre caissons inclinés qui constituent les piliers sont entretoisés par les poutres-ponts qui, à 57 m du sol, supportent le premier étage (les grands arcs de 76 m de diamètre étant purement décoratifs) ; ils se rejoignent au deuxième étage, à 116 m, pour former un caisson unique, soutenant le troisième étage (à 276 m), le phare et la plate-forme terminale, aujourd'hui surmontée d'une antenne qui culmine à 320 m. L'inclinaison des caissons en branches d'hyperbole a posé un difficile problème aux spécialistes du transport vertical. Les ascenseurs hydrauliques établis par Léon Édoux entre le deuxième et le troisième étage fonctionnent encore, ceux qu'avait réalisés Otis dans les piliers ont été remplacés, dès 1900, par des ascenseurs de Fives-Lille, hydrauliques également. La tour est repeinte en moyenne tous les sept ans, chaque campagne nécessitant près de 50 t de peinture.
Clou de l'Exposition de 1889, la tour devait connaître un succès durable, malgré les critiques qui s’élevèrent dans le monde des lettres et des arts lorsque fut décidée son édification. Elle a servi, outre les expériences d'Eiffel et outre son rôle de station météorologique, pour les premiers essais de radio (E. Ducretet, 1898 ; G. Ferrié, 1903-1908) et de télévision (E. Belin, 1925). Radio-Tour-Eiffel a émis régulièrement à partir de 1921 ; et la télévision depuis 1957. Inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1964, la tour appartient à la Ville de Paris. Elle est gérée, depuis 1980, par une Société d'exploitation. Elle accueille chaque année plus de 6 millions de visiteurs.
La tour est restée le plus haut monument du monde jusqu’à l’achèvement du Chrysler Building, à New York (1930, 319 m), détrôné lui-même dès l’année suivante par l’Empire State Building (381 m) puis par d’autres édifices.