théologie de la libération

Nom générique donné à des courants chrétiens qui se sont développés au sein des peuples du tiers monde, notamment en Amérique latine, en lutte pour la conquête de leur indépendance nationale ou politique.

THÉOLOGIE

Une nouvelle lecture de l'Évangile

Les principaux théoriciens du mouvement furent le Péruvien Gustavo Gutiérrez, le franciscain brésilien Leonardo Boff, le jésuite salvadorien Jon Sobrino et le jésuite uruguayen Juan Luis Segundo. Partant de l'engagement concret de chrétiens de différentes Églises, ils prirent le contre-pied des théologies classiques, considérées comme tributaires de l'impérialisme culturel occidental.

La théologie de la libération connut son plein essor à l'avènement de Jean-Paul II et constitua l'un des premiers grands soucis de son pontificat. En 1964, déjà, lors du deuxième concile du Vatican, il avait eu une très vive discussion sur ce sujet avec dom Hélder Pessõa Câmara. Ce dernier, parfois appelé l'« archevêque rouge », admettait qu'on pût emprunter certains éléments de l'analyse marxiste pour élever la conscience des masses populaires d'Amérique latine vouées à la misère et à l'injustice.

De la réprobation à l'assouplissement

C'est en arguant de son expérience personnelle du communisme que Jean-Paul II s'en est pris à l'idéologie dont se réclamaient certains théologiens latino-américains. Il voyait alors en eux des militants politiques qui faisaient de Jésus-Christ un révolutionnaire prémarxiste plutôt que des prêtres soucieux de propager l'Évangile, seul capable de proclamer la vérité de l'homme. Au cours de ses périples en Amérique latine, le pape adopta parfois un ton plus compréhensif, mais pour retomber très vite dans une attitude de réprobation, par exemple lorsqu'il condamna, en 1979, plusieurs prêtres devenus ministres du gouvernement sandiniste du Nicaragua ou lorsque, au cours d'un voyage au Brésil en 1980, il dénonça de nouveau tout engagement politique de la part des théologiens de la libération.

Toutefois, après de nouveaux déplacements en Amérique latine, Jean-Paul II adressa, en 1986, à l'Église brésilienne un message d'un ton franchement nouveau : « La théologie de la libération, déclara-t-il alors, n'est pas seulement opportune, mais utile et nécessaire. » Néanmoins, la curie romaine a plus ou moins continué de lutter contre l'influence, restée jusque-là majoritaire dans l'épiscopat local, de la théologie de la libération.