territoire
(latin territorium)
Portion identifiée et appropriée de la surface de la Terre.
GÉOGRAPHIE
Des aires de chasse des animaux aux espaces exclusifs des États-nations, le mot « territoire » est très polysémique. Mais il garde une constante, celle de relation forte entre des êtres vivants, des sociétés en particulier, et un espace plus ou moins vaste, aux limites plus ou moins bien définies. Cette relation passe souvent par un nom propre désignant ce territoire particulier, un toponyme, dont découle souvent le mot identifiant ses habitants : la France et les Français.
De l’individu à l’ensemble de l’humanité, tous les niveaux de société correspondent à des territoires qui peuvent prendre des formes complexes, sécantes et concurrentes. Les territoires nationaux, ceints de frontières linéaires, sont une invention de l’Europe des xviiie et xixe s. Auparavant, pour définir les ensembles politiques, la domination sur les personnes et les groupes était au moins aussi importante que sur les espaces ; les limites, étaient alors complexes, formant des marges, des confins, des ensembles interpénétrés. Le modèle du territoire de l’État-nation s’est diffusé au monde entier, en particulier par les décolonisations, formant ainsi le niveau géographique international.
Mais des types de territoire très différents sont identifiables. Le modèle le plus élémentaire est sans doute le logement qui représente souvent le territoire d’une famille, même lorsqu’elle est réduite à une seule personne. Au-delà, tout groupe conscient de son identité valorise les lieux qu’il occupe, même s’il n’y est pas seul. On a pu ainsi parler de territoire en réseau pour les diasporas de migrants, voire de territoires imaginaires pour les « communautés virtuelles » d’Internet.
Dans tous les cas, le territoire suppose que des lieux participent de la définition d’une identité sociale. Mais ce rôle peut prendre des formes très variées. Le « droit du sol » français a sans doute été une variante où la construction identitaire impliquait le plus la portion de l’espace terrestre approprié. D’autres nations se sont plutôt individualisées par des liens de type familiaux (un « peuple » dans le cas du « droit du sang », un mode de vie, une croyance totalisante ou tout autre forme de lien non spatial n’impliquant que secondairement le « sol ».
Dans le contexte de la mondialisation contemporaine, le sentiment d’une contrainte qui dépasse le groupe auquel on appartient se traduit par des réactions de valorisation du territoire auquel on s’identifie, parfois qualifiées de souverainisme. Pourtant la nécessité de gestion de la Terre suppose de considérer le globe comme le territoire de l’humanité.