système monétaire
(bas latin monetarius, du latin classique moneta, monnaie)
Système monétaire international (SMI)
Au xixe s., l'inexistence, à côté de l'or, d'une monnaie internationale, en un temps où les échanges entre nations, dès la révolution industrielle, prennent une grande importance, donne pratiquement à la livre sterling un rôle de monopole dans les règlements internationaux. La conférence de Gênes (1922), tendant à permettre aux nations l'économie de l'usage de l'or, grâce à des avoirs en devises (« balances dollars », « balances sterling »), aboutit pratiquement au gold exchange standard, substitut du régime ancien de l'étalon-or, mais où apparaissent déjà certains signes d'un dérèglement du système monétaire international. Après la Seconde Guerre mondiale, le premier système imaginé (accords de Bretton Woods, 1944) fonctionne à peu près normalement : à un étalon unique, l'or, s'ajoutent deux monnaies de réserve (la livre et le dollar) à convertibilité assurée. Puis la situation se dégrade et, le 15 août 1971, le gouvernement des États-Unis supprime la convertibilité du dollar en or. L'étalon monétaire de fait devient le dollar, mais cette devise présente des signes d'affaiblissement certains.
Le dollar joue, en fait, un rôle particulier par rapport aux autres monnaies : les déficits des États-Unis peuvent être réglés en dollars (et non pas en or) ; comme ces déficits s'avèrent considérables, il se crée, au centre de l'économie du monde libre, de redoutables foyers d'inflation. Le système révèle sa faiblesse originelle lors de la suspension de la convertibilité du dollar, puis lors de ses deux dévaluations (de 1971 et de 1973). La crise mondiale des années 1975 contribue à détériorer la situation.
Enfin, l'absence de parités fixes des monnaies entre elles, malgré les efforts de certains groupes de nations pour les établir, est une autre cause de délabrement du SMI. Celui-ci est aujourd'hui caractérisé par la coexistence de taux de changes flexibles, résultant du jeu de l'offre et de la demande, et d'interventions des banques centrales pour soutenir les monnaies, ou, au contraire, pour empêcher leur trop forte appréciation.
Dès 1975-1976, en dehors des États-Unis, trois groupes de pays se distinguent :
– les pays à monnaie forte (Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Japon), où l'inflation a été particulièrement faible ;
– les pays (France, Danemark, Belgique), où les cours des monnaies ont relativement peu varié, grâce, parfois, aux interventions des autorités monétaires « centrales », mais où l'inflation a été cependant sensible ;
– les pays à monnaies fragiles (Italie, Grande-Bretagne).
Système monétaire européen (SME)
Définitivement adopté au Conseil européen de Brême en juillet 1978 et au Conseil européen de Bruxelles en décembre 1978, le SME entra officiellement en vigueur le 13 mars 1979. Il prenait la suite du serpent monétaire européen (1972) et tendait à créer une zone de monnaies stables dans un environnement monétaire très agité. Contrairement au serpent monétaire, qui s'appuyait sur le dollar, le système était adossé à une unité monétaire européenne – l'écu – qui en constituait l'élément central.
Unité de compte (mais non pas monnaie de règlement), l'écu était basé sur un panier de monnaies des pays de la Communauté économique européenne (CEE) puis de l'Union européenne (UE). Le système se fondait sur le principe de taux de change stables entre les monnaies des pays appartenant au SME.
Chaque monnaie disposait d'une parité fixe vis-à-vis de l'écu, dite « taux pivot » ; chaque taux pivot, confronté avec les taux pivots des autres monnaies, donnait la parité d'une monnaie du système par rapport à chacune des autres. Ces parités étaient fixes, mais une marge de fluctuation était prévue : les monnaies pouvaient évoluer l'une par rapport à l'autre dans une limite d'abord fixée à 2,25 % puis portée à 15 % en 1993, les banques centrales devant intervenir pour que les écarts ne dépassent pas ces taux. Des changements de cours pivot pouvaient avoir lieu, à condition d'être autorisés par un accord de tous les pays faisant partie du système. Avec l'introduction de l'euro, le 1er janvier 1999, un nouveau SME, appelé communément SME-bis a été mis en place pour stabiliser le cours des monnaies qui n'appartiennent pas à la zone euro.