révolte des pitauds ou révolte des pitaux
Révolte paysanne contre la gabelle sous le règne d'Henri II (1548).
La gabelle, instaurée au xiiie siècle, fut toujours un impôt très impopulaire en France ; elle était perçue différemment selon les régions, en fonction de leur production et de leur consommation, et l'État royal cherchait à en régler le rendement afin d'obtenir des rentrées à la fois plus sûres et plus régulières.
Les tentatives de réforme de François Ier
La réforme de 1541 tenta d'uniformiser dans tout le royaume le droit de gabelle, ce qui lésait les régions de l'ouest de la France, soumises à un régime plus favorable ; cela provoqua une première révolte en 1542 à La Rochelle, qui conduisit à l'abandon pur et simple de la réforme. Mais, en 1544, deux nouvelles ordonnances instituèrent les greniers royaux dans les régions de l'ouest, et leur accordèrent le même monopole du commerce du sel que dans le reste du royaume ; de nouveau la révolte retarda l'installation des greniers à sel. Une importante troupe de « chevaucheurs du sel » furent chargés d'empêcher toute contrebande.
La révolte de 1548
La révolte éclata dans l'Angoumois à la fin du printemps 1548. Les paysans soulevés exigèrent d'abord la libération de deux d'entre eux qui avaient été arrêtés par les gabelous, et le rétablissement de l'ancienne coutume. La révolte s'étendit rapidement et, en juillet, une petite troupe envoyée par Henri d'Albret échoua à rétablir l'ordre. La révolte prit alors un tour plus radical.
La Saintonge et l'Aquitaine se soulevèrent à leur tour. Les insurgés s'organisèrent et formèrent trois colonnes dirigées par Puymoreau, Bois-Menier et Tallemagne. À Saintes, à Ruffec, les greniers à sel furent détruits ; à Cognac, le receveur du grenier fut tué. En Aquitaine, les bandes de Tallemagne occupèrent Libourne, et Bordeaux se joignit à la révolte ; on s'en prit non seulement aux officiers royaux – le lieutenant d'Henri d'Albret fut assassiné – mais également aux riches. L'exacerbation de la situation conduisit Henri II à ordonner une répression sans pitié, alors qu'il avait d'abord accordé son pardon en août.
En septembre, deux armées royales furent formées, l'une confiée à François d'Aumale, qui descendit depuis Poitiers, l'autre au connétable Anne de Montmorency, qui avança depuis Toulouse vers Bordeaux. La répression fut terrible : alors que Bordeaux avait ouvert ses portes au connétable, celui-ci désarma la ville ; il organisa une chambre criminelle à la fois contre les émeutiers et contre les bourgeois et magistrats qui s'étaient montrés coupables de faiblesse ou d'indécision, et quelque cent quarante personnes furent condamnées à mort ; la ville fut privée à perpétuité de ses libertés et dut payer une forte amende. Les bourgeois furent tenus de faire amende honorable en public. En Angoumois, la répression fut semblable. Les chefs des bandes furent arrêtés et eux aussi suppliciés.
En 1549, cependant, les mesures vexatoires furent adoucies par le roi. Le régime précédent fut rétabli, qui correspondait à des taxes plus faibles. Enfin, en 1553, les provinces tombèrent d'accord avec le Trésor royal pour racheter l'impôt : en 1554, les provinces du Sud-Ouest devinrent « rédimées » et, désormais, furent exemptées de la gabelle.