postmodernisme
Dans la culture contemporaine, ce terme s’applique assez diversement selon les domaines. Il désigne principalement un courant de la création architecturale. En architecture, en effet, le dernier quart du xxe siècle a vu se dessiner, une tendance à laisser jouer l’invention dans le sens de la liberté formelle et de l’éclectisme, en réaction contre la rigueur du mouvement moderniste. Dans le domaine de la création musicale, le postmodernisme vient s’opposer à la musique dite « contemporaine », et revendique la réintégration de techniques ou d’attitudes abandonnées par les avant-gardes.
Le postmodernisme, en tant que mouvement artistique, se distingue du postmoderne ou de la postmodernité au sens philosophique : il s’agit alors d’un courant de pensée qui se caractérise par la contestation des idées maîtresses de la modernité – progrès, maîtrise technique, sujet libre – contestation inspirée notamment par Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud.
En architecture
La mise en accusation des certitudes technocratiques qui animaient le mouvement moderne (style international) a conduit à la réaction postmoderne, qui marque le refus d'une vision unitaire du monde, au profit d'une esthétique plus individualiste, valorisant l'histoire.
La tendance éclectique s'est manifestée, non sans humour ni poésie, par la réapparition de pilastres, d'arcs, de pans coupés, de fontaines, de motifs régionaux, au fort pouvoir symbolique. Aux États-Unis, où elle est née, elle a eu pour chefs de file Robert Venturi, proche de l'historicisme de L. I. Kahn (maison Vanna Venturi, Chesnut Hill, Philadelphie) et Charles Moore (Piazza d'Italia, La Nouvelle-Orléans).
Ce désir de revenir aux sources et de puiser dans le langage formel des Anciens a des applications en urbanisme : notamment avec C. Urvoy de Portzamparc (tours d'habitation des Hautes Formes, dans le XIVe arrondissement à Paris, 1975-1980) et avec R. Bofill (les Espaces d'Abraxas [l'Arc, le Théâtre, le Palais], à Marne-la-Vallée, 1978-1982).
En musique
Se voulant plus proche de la culture du passé que d'une philosophie de l'avenir artistique, le postmodernisme revendique avant tout le retour au système tonal. De nombreux compositeurs participent, à des degrés divers, à ce mouvement, tantôt en restaurant ce monde tonal de la façon la plus directe, tantôt en se réconciliant avec des formes de perceptions dont le public est plus familier.
En philosophie
À la prédominance du sujet, le postmodernisme oppose le pouvoir des forces de production (marxisme), des structures (structuralisme), de l'inconscient (psychanalyse) ; à l'idée de progrès, il oppose la Shoah (Georges Steiner, Hannah Arendt) ; au culte de la technique, il oppose les exigences de l'écologie (Heidegger) ; à l'égalité, il oppose le droit à la différence ; à l'universel, il oppose la diversité des peuples et des cultures (influence de Claude Lévi-Strauss et de la pensée ethnologique). Ainsi, le postmodernisme se repère plus par ce qu'il rejette que par son unité propre : les motifs et les arguments qui conduisent à mettre en question les acquis des Lumières peuvent être très divergents.