pangermanisme
Mouvement visant à regrouper sous une même autorité politique les peuples d'origine germanique.
Né d'une réaction contre certains principes de la Révolution française et du système napoléonien implantés en Allemagne, le pangermanisme prend d'abord un aspect philosophique et religieux, exaltant d'une manière mystique la prédestination de l'Allemagne au gouvernement du monde (→ Arndt, Jahn, Fichte).
Puis, favorisé par la croissance rapide de la population allemande et la mise en valeur du pays, il définit une politique d'expansion économique avec Friedrich List (annexion des bouches du Rhin, expansion coloniale, union douanière avec l'Autriche) et élabore, par référence au passé germanique, un programme politique qui préconise la création d'une « Europe du Centre » sous domination allemande (Mitteleuropa : Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Belgique, Flandre, Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Suisse, Balkans, Pologne).
Dans la seconde moitié du xixe siècle, le mouvement s'inspire par moments des idées raciales Gobineau, renforcées par Nietzsche et surtout par Houston Stewart Chamberlain (1899). Convaincu de la supériorité germanique, il revendique l'union, sous l'égide allemande, de tous les Germains et des peuples d'origine germanique (Anglais, Scandinaves, Néerlandais, Autrichiens) pour constituer la « Grande-Allemagne » et inspire une politique d'expansion vers l'est. L'Alldeutscher Verband, association fondée par Ernst Hasse (1894) après l'affaire de Zanzibar (1890), entreprend alors de coordonner et de systématiser les pangermanismes européen et colonial (→ Bülow, Naumann), intercontinental (rêve d'un empire étendu jusqu'au golfe Persique : Berlin-Byzance-Bagdad) et parfois racial (antisémitisme, avec Schönerer et K. Lueger en Autriche) et d'en diffuser la doctrine par une active propagande (Alldeutsche Blätter).
Toutefois, il ne faut pas en exagérer l'influence : au maximum, elle n'aura sous l'Empire que 53 000 adhérents. Le pangermanisme inspira sans doute la Weltpolitik de Guillaume IIGuillaume II, mais il n'aura pas la portée que certains, tel Ch. Andler, lui attribueront ; il n'est avant 1914 ni plus ni moins belliqueux que les impérialismes français, britannique ou russe.
La défaite de 1918 donne une nouvelle vie au pangermanisme, qui devient une des idéologies dominantes de l'Allemagne. Dès la République de Weimar, en 1928, l'Alldeutscher Verband a plus de deux millions d'adhérents. Tous ses thèmes traditionnels fleurissent avec l'appui ouvert des gouvernements républicains ; le national-socialisme lui empruntera plusieurs de ses idées.