le Temple de Jérusalem
Édifice de Jérusalem, bâti par Salomon pour abriter l'arche d'alliance, reconstruit par Hérode et détruit par Titus.
Après avoir conquis Jérusalem, David décida d'en faire sa capitale et d'y faire transférer l'arche d'alliance qui se trouvait auparavant à Silo, marquant ainsi la subordination, traditionnelle au Proche-Orient, de son royaume à un dieu. Ce fut lui, d'après le livre des Chroniques, qui choisit l'emplacement du futur sanctuaire, et c'est son fils Salomon qui fit construire l'édifice.
Le Temple de Salomon (970 av. J.–C.)
Le livre des Rois (1 Rois, 6) en donne une description. Édifié sur une plate-forme carrée dominant à l'est la vallée du Cédron, le bâtiment était de forme rectangulaire ; il abritait un porche ou vestibule (oulam) qui donnait accès à la salle principale, le hekal, aux murs en pierre recouverts de cèdre. À l'intérieur, l'arche d'alliance était disposée au sein d'un sanctuaire sacré, le debir : elle contenait deux tablettes en pierre déposées par Moïse. Ce premier temple fut dédié vers 970, puis entièrement détruit en 587 av. J.–C. lors de la prise de Jérusalem par le roi de Babylone, Nabuchodonosor II le Grand. À ce moment disparut l'arche d'alliance (2 Rois 25, 8-10).
La restauration asmonéenne
En 539 av. J.–C., Cyrus le Grand conquit Babylone et laissa les Juifs rentrer à Jérusalem, en leur restituant même certains éléments du premier Temple. Aussi, dès leur retour, les Juifs purent reconstruire un autel, mais il fallut attendre 520 av. J.–C. pour que les travaux du second Temple débutent, sous la direction de Sheshbaççar puis de Zorobabel. Le livre d'Esdras laisse entendre que ce nouvel édifice était deux fois plus haut et trois fois plus large que le précédent, sans que rien ne vienne confirmer ces affirmations ; quoi qu'il en soit, le nouveau Temple fut consacré en 515 av. J.–C. Il subit vraisemblablement des assauts lors de divers sièges que vécut Jérusalem puisqu'il fut fortifié vers la fin du iiie siècle av. J.–C. En 168 av. J.–C., il fut profané par Antiochos IV Épiphane, qui éleva en son sein une statue de Zeus. À la suite de la reconquête de Judas Maccabée (164 av. J.–C.), les Asmonéens restaurèrent l'édifice, prolongeant notamment la plate-forme du Temple en 141 av. J.–C. (1 Maccabées 4, 36-59).
Le Temple d'Hérode (19 av. J.–C. - 66 apr. J.–C.)
La Judée passa sous l'autorité de Rome, qui imposa Hérode le Grand comme roi (40 av. J.–C.). Celui-ci fit élever de nombreux monuments de caractère romain (palais, théâtre, hippodrome…), et mena une politique qui lui aliéna les Juifs ; aussi, afin de les apaiser, il fit embellir et agrandir le Temple. Les travaux de l'esplanade commencèrent en 19 av. J.–C. ; ceux du Temple durèrent, selon l'apôtre Jean, quarante-six ans et employèrent dix-huit mille hommes, pour ne s'achever qu'en 66 apr. J.–C. Le nouveau complexe recouvrait 14 hectares, débordant largement la plate-forme originale sur trois côtés. Ne subsistait de l'édifice antérieur que le portique de Salomon, à l'est. Des parvis successifs, où le judaïsme d'après l'Exil soulignait les différents degrés de sainteté liturgique, entouraient le sanctuaire ; ainsi, une partie de la plate-forme était accessible aux non-Juifs (parvis des Gentils), tandis qu'une partie du parvis était réservée aux femmes. L'on accédait ensuite au parvis d'Israël puis à celui des prêtres, où se pratiquaient les holocaustes. Enfin, le hekal renfermait la menora (chandelier à sept branches), la table des pains d'offrande et l'autel des parfums, mais l'arche d'alliance ayant disparu, seule une dalle de pierre datant de l'époque de David et Salomon y fut déposée : la pierre de fondation.
La destruction du Temple (70 apr. J.–C.)
Lors de la prise de Jérusalem par Titus, en 70 apr. J.–C., soit quatre ans seulement après la fin des travaux, le Temple fut brûlé. Les pierres furent remployées pour d'autres constructions, puis les musulmans élevèrent, sur l'esplanade, le Dôme du Rocher ou mosquée d'Omar. L'actuel Mur des lamentations est un vestige du mur occidental de soutènement de l'esplanade du Temple.
La destruction du Temple est un événement d'une portée considérable : centre et symbole du pouvoir religieux mais aussi politique, le Temple assurait la cohésion de l'édifice social juif. Dès lors, le peuple juif dut se tourner vers une réorganisation profonde de ses structures mêmes.