janissaire
(italien giannizzero, du turc yeni çeri, nouvelle troupe)
Soldat d'une infanterie régulière turque, employée du xive au xixe siècle
1. Origines
Préparant l'invasion de l'Europe, le sultan Orhan Ier (1326-1362) éprouve le besoin de disposer d'une troupe aguerrie et permanente, pour remplacer les hordes d'irréguliers qui constituaient l'armée ottomane. Il institue un corps de mercenaires, l'ocak des janissaires, composé d'enfants chrétiens enlevés à leurs familles ou fournis en tribut par les peuples vaincus selon la méthode dite du devşirme (« cueillette »).
2. L'instrument de la conquête de l'Europe
Les janissaires, élevés dans l'islamisme, reçoivent, en outre, une consécration religieuse entretenue par le zèle des derviches qui leur sont attachés. Ils relèvent directement du sultan, considéré comme leur père nourricier. Leur emblème est la marmite, symbole de la nourriture abondante qui leur est distribuée, et les appellations de leurs officiers sont empruntées aux emplois culinaires (maître de la grande soupière, maître queux, porteur d'eau, etc.).
Élevés pour la vie dans le métier des armes et cantonnés à Brousse, les janissaires constituent une infanterie redoutable par son fanatisme et sa discipline : elle conquiert l'Europe jusqu'à Vienne.
3 Le déclin et l'abolition
Mais elle décline lorsque son recrutement, sous Mehmed IV (1648-1687), s'applique aux Turcs et aux enfants des janissaires. Elle devient alors une garde prétorienne, qui fait et défait les sultans. Sous le règne de Mahmud II, elle compte 229 régiments, groupant 140 000 hommes, dont les qualités militaires n'ont pu empêcher la reconquête de l'Europe par les Empires autrichien et russe. Désireux de constituer une armée moderne, Mahmud II voit se dresser contre lui une mutinerie des janissaires ; à la suite des défaites subies en Moldavie, Serbie et Grèce, il les fait massacrer presque tous (1826) et abolit l'institution.
Pour en savoir plus, voir l'article Empire ottoman.