illustration

(latin illustratio, -onis)

Toute gravure, photographie, dessin, reproduction figurant dans un livre ou un périodique.

À côté de l'écrit, l'illustration remplit deux fonctions distinctes : l'ornementation, destinée à mettre en valeur un texte précieux, et l'explication graphique, par le schéma ou le croquis. De même que le texte imprimé sur papier permet la transmission des idées nouvelles, de même l'image sert à la diffusion des styles nouveaux.

Les premières formes d'illustration

Le plus ancien papyrus grec illustré est un document d'astronomie (iie s. avant J.-C., Louvre) comportant des diagrammes. À partir du ier s. après J.-C., lorsque le codex (parchemin) remplaça le papyrus, les textes illustrés se multiplièrent, tantôt dans le domaine technique (médecine, mécanique, etc.), tantôt pour orner des textes fameux (l'Iliade, ive s. après J.-C., bibliothèque Ambrosienne, Milan ; Virgile , bibliothèque Vaticane, ve s.).

Au Moyen Âge, en Occident comme en Orient (Iran, Inde, monde arabe), l'illustration fut essentiellement enluminure, c'est-à-dire « mise en lumière » d'un texte sacré. Les musulmans, se refusant à la figuration, développèrent un art savant de la calligraphie, pour donner une forme inspirée et décorative aux versets du Coran. Dans la chrétienté, les initiales ornées et les entrelacs, particulièrement des manuscrits irlandais (vie s.), puis les images dorées, parfois sur fond pourpre, des évangéliaires carolingiens ou des manuscrits byzantins furent aussi une façon de glorifier la parole de Dieu.

Avec la littérature profane, ces miniatures (car souvent exécutées avec le rouge de minium) apparurent (xiie-xive s.) dans les romans, ainsi que dans les marges des manuscrits, où le scribe se laissait parfois aller à sa fantaisie.

Les techniques d'illustration

Le bois

La gravure sur bois de fil (c'est-à-dire sur une planche taillée dans le sens des fibres du bois) fut la première employée. C'est la formule la plus typographique : l'épaisseur de la planche gravée, qui est la même que celle des caractères d'imprimerie, permet d'encrer et de tirer d'un même coup de presse l'image et le texte : d'où une parfaite homogénéité. Mais la gravure sur bois de fil manque de souplesse dans l'interprétation du modèle. De 1550 à la fin du xviiie s., on ne l'employa plus que pour les petits décors typographiques. L'invention de la technique du bois debout (taillé perpendiculairement aux fibres), permettant une extrême finesse, relança l'illustration sur bois au xixe s., jusqu'à ce que les excès de virtuosité des graveurs ne finissent par entraîner le retour du bois de fil (nabis, fauves).

La taille-douce

La gravure en creux sur métal compliquait les opérations de tirage. Il fallait deux passages sous la presse, un pour le texte, l'autre pour l'image, ce qui introduisit la mode des illustrations en pleine page, en hors texte. On employa la taille-douce à partir du xvie s., pour obtenir des images documentaires précises, des portraits réalistes, des cartes géographiques. Cette technique est restée en usage jusqu'à nos jours, le burin et l'eau-forte pouvant être utilisés purs, ou, plus souvent, en complément l'un de l'autre. Une variante née en Angleterre, la gravure sur acier, connut un grand succès à l'époque romantique.

La lithographie

Le dessin sur pierre lithographique, apparu en 1798, présente, comme la taille-douce, l'inconvénient de ne pas être une technique « typographique » – d'où son utilisation fréquente en hors texte. La lithographie est la technique préférée des peintres à cause de sa simplicité, et c'est de lithographies que furent illustrés quelques-uns des livres les plus remarquables du xxe s.