gujarati

Langue indo-aryenne parlée au Gujerat (où il a le statut de langue officielle) par environ 30 millions de locuteurs.

Il est la langue maternelle d'une minorité d'habitants de Bombay ainsi que d'un nombre décroissant de marchands indiens en Afrique orientale.

Le gujarati est parlé par environ trente millions de personnes et s'écrit dans un type de cursive du devanagari (l'écriture utilisée aussi pour le sanskrit, le hindi et le marathi). La langue courante coïncide en général avec le dialecte parlé dans la région s'étendant de Baroda à Ahmadabad. Trois autres dialectes sont traditionnellement reconnus : le gujarati du Sud (ou surati), le kathiawari et le gujarati du Nord.

Une riche littérature en gujarati fut produite durant l'ensemble des trois grandes périodes historiques de cette langue : vieux gujarati (xiie au xve s.), gujarati médiéval (xve au xviiie s.) et gujarati moderne.

Le plus ancien spécimen littéraire de gujarati est le Bharatibahubali Rasa (1185), de Shalibhadra, narration historico-religieuse en vers. Ce type de littérature était fort appréciée en vieux gujarati, comme le fut aussi le phagu, forme de poème lyrique peignant l'avènement du printemps et les émois des amoureux. Les personnages de certains phagu étaient empruntés à l'histoire jaïne – par exemple, dans le Neminathaphagu de Sthulibhadra, moine jaïn de la secte Shvetambara (xive s.) –, mais le plus célèbre phagu, le Vasantavilasa (fin du xive s. ou début du xve), d'auteur indéterminé, est non sectaire. Également populaires en vieux gujarati, les dharmakatha sont des histoires en prose à but didactique religieux écrits par de saints hommes jaïns. Tarunaprabha et Somasundara (xive s.) comptent parmi les auteurs les plus remarquables de ce genre d'œuvres, mais le plus célèbre dharmakatha est le Prithvichandracharita dû à Manikyachandra (xve s.).

Au xve s., se distinguent Narasimha Mehta et la princesse Mirabai, admirables auteurs de poésie dévotionnelle bhakta krishnaïte, et Bhalana (1434-1514), dont l'œuvre la plus célèbre est le Kadambari, adaptation poétique du classique sanskrit de Bana portant le même titre.

Au xviie s. et au début du xviiie brillent trois auteurs : Akha (1591-1656), un orfèvre d'Ahmadabad, talentueux poète d'inspiration védantique ; Premananda (1636-1734), poète épique dont le Nalakhyana est considéré comme le joyau de la poésie en gujarati médiéval ; et Shamala (1679-1769), auteur de fiction romanesque. Le plus connu des auteurs de la génération suivante, Dayarama (1777-1852), est renommé pour sa poésie lyrique qui exprime une dévotion krishnaïte, dans le genre garbi (chant accompagné de danse).

Quand le Gujerat passa sous l'autorité britannique en 1918, des auteurs influencés par les idées occidentales donnèrent une orientation nouvelle à la littérature gujarati. Le xixe s. vit éclore une poésie remarquable et la prose gujarati prit de l'envergure. Narmadshankar (1833-1896), poète, essayiste et critique, fut le premier grand représentant de cette période. Vint ensuite Govardhanram Tripathi (1855-1907), dont le roman en quatre parties Sarasvatichandra est considéré comme la plus belle œuvre de la littérature gujarati. Ce fut durant cette période d'influence britannique que les auteurs gujarati se tournèrent aussi vers la nouvelle.

Au xxe s., Mohandas K. Gandhi écrivit en gujarati et influa sur cette littérature après son retour d'Afrique du Sud au Gujerat natal en 1914. Dans les années qui suivirent, de nombreuses formes littéraires furent cultivées, entre autres l'essai, par Kaka Kalelkar, la nouvelle, par Dhumketu et Ramnarayan Pathak, et le roman historique, par K. M. Munshi. Le théâtre d'amateur devint également populaire.

La création dans les domaines du roman, de la nouvelle, du drame et de la poésie se multiplia dans les décennies 1930 et 1940. Mais après l'indépendance de l'Inde (1947), le gujarati traversa une « période frôlant la décadence », selon les termes d'Umashankar Joshi, poète, dramaturge et critique renommé. Si l'activité littéraire se poursuit, en particulier à Baroda et Ahmadabad, le Gujerat n'a cependant pas encore produit son Tagore.