guignol

(lyonnais Guignol, nom d'un personnage de marionnettes)

Scène de guignol
Scène de guignol

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Le nom de « Guignol » (peut-être dérivé de celui d'un canut lyonnais) désigne l'une des marionnettes françaises les plus populaires. De même que Punch est né à Londres, Kasperle à Vienne, Guignol est né à Lyon. Il personnifie l'ouvrier de la soie, le canut lyonnais, et il en reproduit le langage, l'esprit, les habitudes.

Une tradition lyonnaise

Les guignols, marionnettes ou poupées animées, connus de toute antiquité en Chine, nous sont venus d'Italie. C'est un Lyonnais, Laurent Mourguet, qui installe à Lyon, rue Noire, en 1795, un petit théâtre de poupées, à l'imitation des pupazzi italiens. Guignol, ou Chignol, qui fut l'un de ses personnages, devint très vite si populaire qu'il donna son nom, non seulement à un type, mais à la scène et au théâtre lui-même dont il était le principal acteur.

De nombreux « guignols » s'installèrent à Lyon même puis, peu à peu, dans presque toutes les villes. On a cru longtemps que ce nom de guignol venait de l'expression lyonnaise « C'est guignolant ! » ou du vieux mot « guignole », bâtonnet, parce que Guignol était toujours armé d'un bâton, mais on sait aujourd'hui que c'était le nom d'un canut lyonnais, que Mourguet donna à sa poupée.

Un théâtre pour enfants

Sauf à Lyon, où subsiste le guignol traditionnel, guignol ne désigne plus dans la plupart des villes qu'un petit théâtre pour enfants (appelé aussi castelet), souvent en plein air, dans les jardins publics. Guignol en est toujours le personnage principal. Le costume traditionnel de Guignol est une petite veste courte, en serge bleue, bordée de rouge comme la petite toque qui le coiffe. Sorte de gavroche espiègle et sympathique, mauvaise tête et bon cœur, accompagné de son compère Gnafron il joue des tours à tout le monde, particulièrement aux juges et aux gendarmes, qu'il rosse de son bâton, à la grande joie du public.

Les marionnettes du guignol traditionnel n'ont cessé, au cours des années, soit d'inspirer le théâtre contemporain (personnages simples et typés d'Ionesco, personnages grinçants et savoureux de Ghelderode), soit de le rénover (Alfred Jarry). Dans le prologue d'Ubu sur la butte, qui fut présenté en 1901 aux Quat'z-arts à Montmartre, par les marionnettes du Théâtre Guignol des Gueules de Bois, Jarry explique : « Les marionnettes seules, dont on est maître, souverain et créateur, car il nous paraît indispensable de les avoir fabriquées soi-même, traduisent, passivement et rudimentairement, ce qui est le schéma de l'exactitude, nos pensées… On est devant ou, mieux, au-dessus de ce clavier comme à celui d'une machine à écrire… et les actions qu'on leur prête n'ont point de limites non plus. »