groupe de pression

Structure dont se dote une communauté aux intérêts ou convictions semblables pour influencer les pouvoirs publics à son avantage, notamment par des campagnes d'opinion. (Synonyme : lobby.)

POLITIQUE

Des bouilleurs de cru de naguère aux modernes lobbyistes cherchant à peser sur les décisions prises à Bruxelles, la différence semble non négligeable, et pourtant ils entrent dans la même catégorie : les groupes de pression. La question de leur contrôle et de leur légitimité a été maintes fois posée.

S’agissant du contrôle, le trafic d’influence est sanctionné pénalement. On a recommandé d’encadrer le lobbying d’un point de vue réglementaire. S’agissant de la légitimité, on a avancé l’idée selon laquelle les groupes de pression incarnent des intérêts particuliers, propres à conforter l’intérêt général. Sous peine de vacuité, celui-ci ne peut plus faire abstraction de ceux-là qui, dès lors, loin d’être illégitimes, concourent à sa légitimité.

Une importante évolution conceptuelle marque cette nouvelle approche du lien entre volonté générale et opinions particulières, et ce, justement, parce que les groupes de pression ne se présentent pas comme les défenseurs d’opinions corporatistes, mais comme les promoteurs d’argumentaires techniques profitables à l’ensemble de la collectivité. Ils arguent de leur fine connaissance du domaine concerné pour éclairer la décision publique, sans intention d’exercer une influence occulte. Ils peuvent ainsi agir très en amont de la préparation d’une loi pour souligner enjeux, impacts, pièges rédactionnels. Les normes devenant de plus en plus nombreuses et complexes, les groupes de pression s’emploient à décortiquer leurs implications, difficilement mesurables dans une Europe élargie et un monde globalisé.

L’Union européenne a donné un essor durable aux groupes de pression, qui apparaissent souvent comme le lien entre une bureaucratie caricaturée comme impersonnelle et des citoyens qui ne perçoivent pas toujours leur appartenance à un ensemble commun. Les groupes de pression seraient gage de modernité pédagogique : expliquer aux pouvoirs publics, à l’opinion publique, les exigences d’une économie concurrentielle, qui se doit d’être assortie de normes juridiques elles-mêmes concurrentielles.

Les groupes de pression se situent à la croisée idéologique du libéralisme et du patriotisme économique.