grammaire
(latin grammatica, du grec grammatikê, de grammatikos, qui concerne l'art de lire ou d'écrire)
Ensemble des structures linguistiques propres à telle ou telle langue ; description de ces structures et du fonctionnement de cette langue.
LINGUISTIQUE
La réflexion grammaticale des philosophes grecs part, chez Platon, de la distinction logique sujet (ce dont on dit quelque chose) vs prédicat (ce qui est dit de quelque chose) et aboutit à dégager huit parties du discours : l'article, le nom (nom commun, nom propre, adjectif), le pronom, le verbe, le participe, l'adverbe, la préposition et la conjonction, catégories fondées à la fois sur des critères formels (cas, conjugaison, genre, nombre) et sur des critères logico-sémantiques (substance et accident, signification et contenu des mots). Ces classifications sont adoptées par les Romains puis par les grammairiens médiévaux. Au xviie s., la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal réaffirme l'universalité des principes qui sous-tendent les langues, tandis que d'autres grammairiens comme Vaugelas s'adressent à un public soucieux du bon usage. Beauzée, au xviiie s., différencie la « grammaire générale », science raisonnée des principes immuables des langues parlées et écrites, et la « grammaire particulière », art de concilier les institutions arbitraires et usuelles d'une langue particulière avec les principes généraux.
Cette double tradition (normative et philosophique) se perpétue au xixe s., tandis qu'apparaît un intérêt de plus en plus grand pour les langues particulières, considérées comme des systèmes complets de sons, de mots, de formes, de constructions, dont on peut décrire l'évolution (diachronie) ou l'état à une époque donnée (synchronie). La notion de parties du discours s'efface derrière celle de catégories grammaticales dégagées par une série de procédures formelles. Aujourd'hui, les linguistes se spécialisent en fonction du cadre théorique qu'ils ont élaboré : on parle de grammaire structurale, fonctionnelle, distributionnelle. D'autre part, si l'on ne s'attache qu'à la description des seuls morphèmes grammaticaux et aux règles qui régissent leur fonctionnement dans la phrase, la grammaire se confond avec la syntaxe. Si l'on adjoint à ces préoccupations la description des morphèmes lexicaux et l'étude de leur forme, la grammaire est synonyme de morphosyntaxe. Si l'on vise à la description complète de la langue, la grammaire se compose alors de plusieurs parties : la phonétique (étude des sons), la syntaxe (étude des combinaisons de morphèmes) et la sémantique (étude des sens des morphèmes et de leurs combinaisons). Depuis quelques années, un nouveau concept est apparu, celui de grammaire générative, où la grammaire est censée générer l'ensemble infini des phrases d'une langue à partir d'un ensemble fini de règles.