film, roman de cape et d'épée
Film, roman d'aventures historiques qui met en scène des héros batailleurs et chevaleresques.
LITTÉRATURE
La cape et l'épée, attributs traditionnels du gentilhomme, renvoient d'abord à la notion d'honneur chevaleresque, comme en témoignent, par exemple, les comédies « de cape et d'épée » de Calderón. On désigne par « romans de cape et d'épée » une production littéraire à caractère populaire apparue avec les Trois Mousquetaires (1844), d'Alexandre Dumas père.
Les Trois Mousquetaires
Le roman de cape et d'épée se détache de l'ensemble du roman historique, dont il est la forme vulgarisée, par le fait qu'il ne prend jamais pour héros de grandes figures historiques. En effet, si peu soucieux d'exactitude que se montrent parfois les auteurs de « cape et d'épée », ils ne peuvent attribuer à des personnages réels et célèbres la somme d'aventures et d'exploits propres aux héros de cape et d'épée. Un bon exemple en est donné par les Trois Mousquetaires : les héros ont existé, mais sous d'autres noms, et leur biographie est mal connue. Richelieu et Louis XIII ne sont ici que des figurants, mais ils font rebondir l'action en provoquant l'intervention des héros. Cependant, le respect de la réalité historique n'est jamais ce qui anime en premier lieu le romancier de cape et d'épée. Même si, comme Paul Féval qui, dans le Bossu, donne une intéressante évocation des spéculations financières nées du système de Law, ils s'attardent à décrire l'ambiance d'une époque, c'est toujours au mouvement des épisodes et à l'émotion qu'ils accordent la plus grande importance.
Le héros de cape et d'épée
La littérature de cape et d'épée reflète l'influence exercée sur le roman historique par le mélodrame, dont on retrouve certaines conventions ; mais des thèmes tels que duels, déguisements, enlèvements, scènes macabres, viennent du roman noir et, à travers lui, du théâtre élizabéthain. Le héros de cape et d'épée est toujours investi d'une mission, que ce soit « au service de Sa Majesté » comme chez Dumas, ou mû par des instances morales personnelles comme chez Féval ou Zévaco. C'est seulement par le détour d'un comportement altruiste et au terme d'une série d'épreuves parfois terribles qu'il peut accéder à des satisfactions personnelles. Comme dans toute littérature populaire, le héros représente ici un code de valeurs auquel ses adversaires renvoient négativement. L'image de cette abnégation héroïque, finalement reconnue par la collectivité, a frappé des générations de lecteurs ; Sartre en témoigne dans les Mots lorsqu'il nous dit s'être identifié, enfant, à Pardaillan. L'immense succès remporté par les Trois Mousquetaires a suscité l'émulation d'un certain nombre d'auteurs contemporains de Dumas et explique en partie la floraison de récits de ce type entre 1850 et 1875. Durant cette période, on assiste à une exploitation systématique des thèmes et des intrigues développés par Dumas.
Une certaine qualité littéraire est cependant présente chez Amédée Achard (1814-1875) : les Coups d'épée de M. de La Guerche (1863) et la Cape et l'Épée (1875), etc. ; Paul Féval, rendu célèbre par son Bossu ou le Petit Parisien (1857), où il crée le personnage de Lagardère ; Ponson du Terrail (1829-1871), qui écrivit des romans historiques de cape et d'épée (la Jeunesse du roi Henri) mais reste surtout connu pour avoir créé, avec la série des Rocambole, les premiers romans de cape et d'épée situés dans un décor contemporain. Il faut mettre à part le Capitaine Fracasse (1863), de Théophile Gautier, qui se distingue par sa facture recherchée, et le Marquis de Fayolle (1849), laissé inachevé par Gérard de Nerval.
Ces romans ont largement inspiré le cinéma, où le genre « de cape et d'épée » a acquis ses lettres de noblesse. Parmi les titres les plus célèbres : le Bossu, les Trois Mousquetaires, Cyrano de Bergerac, le Prisonnier de Zenda, Scaramouche…
Pardaillan
Une deuxième période commence vers 1900 avec les romans de Michel Zévaco : le Capitan (1907), la Fausta (1908) et surtout le cycle des Pardaillan (à partir de 1907). Zévaco, qui est socialiste et athée, apporte un esprit contestataire assez inhabituel dans la littérature de cape et d'épée. Le découpage est proche du scénario de cinéma ; l'action, tendue et brutale, est coupée de dialogues philosophiques ou politiques. Ensuite et jusqu'en 1930, année où sa production rejoint l'anonymat, la littérature de cape et d'épée connaît une nette décadence. On peut encore citer, malgré ses faiblesses littéraires et historiques, le Mouron rouge (série commencée en 1905), de la baronne Orczy (1865-1947).
Le Bossu
Paul Henri Corentin Féval est célèbre pour ses romans d'aventures comme les Mystères de Londres (1844) et surtout le Bossu (1858), plusieurs fois adapté à l'écran, et dont le héros aux multiples visages, Henri de Lagardère, est toujours très populaire.