expédition des Dardanelles (1915)

Expédition des Dardanelles
Expédition des Dardanelles

Expédition franco-britannique entreprise, en avril 1915, dans le dessein de remonter les Détroits jusqu'à Constantinople pour forcer la Turquie à sortir de la guerre et pour communiquer avec la Russie.

1. Une expédition mal préparée…

Préconisée par Winston Churchill, premier lord de l'Amirauté, elle est décidée en janvier 1915. Elle débute le 18 mars par le forcement naval des Détroits (→ Dardanelles et Bosphore) par une escadre de 18 bâtiments de ligne : 3 d'entre sont coulés par des mines dérivantes et 3 autres gravement avariés ; c'est un échec.

L'expédition débarque le 25 avril au cap Helles et aboutit, au prix de lourdes pertes, à l'installation d'une tête de pont restreinte dans la presqu'île de Gallipoli, bien défendue par les Turcs commandés par le général allemand Liman von Sanders et par Mustafa Kemal Atatürk. En dépit de 3 batailles acharnées devant Kritiya, les 6 mai, 28 juin et 12 juillet 1915, les forces alliées, commandées par le général anglais Hamilton, ne peuvent percer les lignes turques protégeant Constantinople. L'entrée en guerre des Bulgares contre la Serbie contraint la France à mobiliser une partie de ses troupes pour venir en aide à l'armée serbe. Cependant la lutte continue sur mer, 8 sous-marins (dont les 4 français) sur 9 se prennent dans les filets barrant le Détroit et sont détruits. Les sous-marins allemands coulent 2 cuirassés anglais.

Un nouveau débarquement au cap Suvla entraîne de nouveaux combats du 6 au 23 août. L'offensive alliée est bloquée par les contre-attaques turques. Hamilton est remplacé par Monro. Après une inspection du ministre de la Guerre britannique, Kitchener, l'évacuation de la presqu'île est décidée le 9 janvier 1916.

2. … aux lourdes conséquences

Épisode dramatique de la Première Guerre mondiale, l'« enfer » de Gallipoli a coûté la vie à plus de 100 000 hommes dont 68 000 Turcs, 53 000 Britanniques dont 8 700 Australiens et 2 700 Néo-zélandais, 27 000 Français sur les 79 000 commandés successivement par d'Amade et Gouraud).

En Angleterre, l'échec de l'expédition entraîna la démission de Churchill et contribua à la chute du cabinet Asquith.

En Turquie, le souvenir de la bataille de Gallipoli est associé à celui de Mustafa Kemal Atatürk, alors jeune colonel, qui passe pour la première fois pour le sauveur de la nation.

Côté allié, l'opération a toutefois permis le regroupement des forces évacuées dans la région de Salonique (→ Thessalonique) et le développement ultérieur d'un front balkanique.

Malgré la défaite, l'héroïsme des jeunes soldats australiens et néo-zélandais, dont c'était le baptême du feu, contribuera à former l'identité nationale des deux pays.

Pour en savoir plus, voir les articles Empire ottoman, Première Guerre mondiale.