dune

(moyen néerlandais dune)

Dunes du désert
Dunes du désert

Monticule, colline de sable, édifiés par le vent sur les littoraux et dans les déserts.

Édifiées par le vent, les dunes sont toujours constituées de sable. La puissance du vent est, en effet, insuffisante pour engendrer des amas de graviers, et les argiles et limons sont trop fins pour se déposer en dunes. Ce n'est que dans le cas où les particules argileuses sont cimentées par des cristaux de sel qu'elles peuvent s'accumuler en dunes, comme au bord des sebkhas. Les dunes ne peuvent se former que dans les régions où la couverture végétale est rare et clairsemée, car les plantes retiennent le sable et font obstacle au vent. On les rencontre essentiellement dans les zones désertiques et subdésertiques, et sur les littoraux.

1. Les dunes continentales

Les dunes continentales se présentent généralement sous la forme de champs immenses, les ergs du Sahara, par exemple, ou koum en Asie centrale, qui peuvent s'étendre sur plus de 1 000 km. Dans les ergs, le sable est remanié sur place, mais ses limites restent fixes. La position des dunes elles-mêmes est souvent très stable. Les ergs se sont tous installés sur des nappes de sable mises en place par les eaux (formations marines au Sénégal, épandages alluviaux dans le Sahara). Les dunes des ergs sont presque toujours alignées, souvent sur des dizaines de kilomètres, en longs cordons acérés et plus ou moins sinueux, appelés siouf (pl. de sif) dans le Sahara algérien, parallèles à la direction des vents dominants. Ces siouf se compliquent souvent de crêtes secondaires divergeant à partir de pyramides à flancs raides, les ghourds ou rhourds, qui peuvent dépasser 300 m de commandement. Presque immobiles, ces cordons de dunes sinueuses sont séparés par de longs couloirs, les gassi, ou feidj. Lorsqu'ils sont larges, comme dans le Ténéré, les gassi facilitent la circulation : ils sont empruntés par les pistes où circulent les caravanes, car le sol y est plus ferme. Mais souvent des gassi latéraux les cloisonnent en alvéoles, comme dans le Dacht-e Lut iranien. Dans certains cas, l'accumulation dunaire est irrégulière, confuse, sans orientation dominante : tels sont les aklé de Mauritanie. Les dunes longitudinales sont de modestes accumulations (de 1 à 2 m) extrêmement allongées, dans le sens d'un vent très violent.

Dans les régions où le sable est rare, les dunes sont isolées à la surface de la dalle rocheuse ou argileuse. Ces dunes, en forme de croissant (barkhanes), progressent dans le sens du vent, leur partie centrale se déplaçant plus vite et les cornes restant en arrière. Elles se déplacent de quelques dizaines de mètres par an en moyenne. Elles sont érodées sur leur versant amont en pente douce, réalimentées sur leur flanc aval en pente raide. Les vents, porteurs de particules de sable, déposent leur charge lors d'un ralentissement de leur vitesse. La présence d'un obstacle, même faible (caillou, touffe de végétation), provoque ce ralentissement en produisant des remous ; le sable se dépose alors en amont et en aval de l'obstacle et l'enfouit sous un amas de forme aérodynamique (une nebka), généralement de taille modeste (quelques décimètres), qui ne suscite plus de remous. Si la dune dépasse un mètre de hauteur, on parle de rebdou.

2. Les dunes littorales

Les dunes littorales se rencontrent sous tous les climats (côtes de Pologne, Landes, côtes du Maroc) et elles ont des formes très variées. Le plus souvent, comme dans les Landes, elles constituent un bourrelet rectiligne parallèle au rivage. Elles résultent de l'accumulation par le vent du sable apporté par la mer et se forment sur les côtes basses. Elles sont actives, car la mer apporte sans cesse de nouveaux éléments. Le sable, arraché aux vastes étendues découvertes périodiquement à marée basse, s'accumule en arrière des plages. Les grains de sable s'élèvent lentement sur la pente douce qui fait face à la mer, pour retomber par éboulements successifs en un front abrupt. De cette façon les dunes progressent vers l'intérieur des terres. Le profil d'une dune est toujours dissymétrique : la face au vent, en pente douce et convexe, s'oppose à la face sous le vent, concave et plus raide. Cette dernière est appelée « à-pic d'envahissement » dans le cas d'une dune progressive.

Les dunes sont classées selon leur position et leur orientation par rapport au vent dominant (ou maître-vent). Les dunes élémentaires sont rencontrées sur les plages (dunes d'estran) ou au voisinage de la laisse de pleine mer (avant-dunes). Sur l'étage supralittoral s'édifient des chaînes de dunes transversales ; leur progression est lente si la végétation et la cimentation fixent le sable. Un excédent de matériel, un abaissement de la nappe phréatique, la destruction du sol ou de la végétation peuvent amener un remaniement de la dune. Dans les secteurs où les vents sont variables, il se forme parfois des cols (appelés caoudayres dans les Landes) dans les cordons dunaires. Il se crée des dunes de reconstitution, qui peuvent empiéter vers l'intérieur des terres : formation de monticules confus, allongement des dunes longitudinales, parallèles au maître-vent. Celles-ci peuvent être soudées par le front (dunes paraboliques) ou par les flancs (dunes en râteau ou en peigne). Les dunes peuvent, dans ce cas, atteindre des hauteurs très importantes, comme sur les côtes du Nord (Picardie, Flandres) ou de Hollande.

Le déplacement continu ou par à-coups des dunes peut devenir catastrophique : ensevelissement de villages, modification ou blocage de l'écoulement. L'arrêt momentané, provoqué par la construction des fascines, est mis à profit pour planter des végétaux herbacés. Mais le problème de la fixation des dunes reste préoccupant sur certains rivages, notamment dans les régions arides.

De telles formations, si elles ne sont pas retenues par la végétation, ont tendance à progresser à l'intérieur du continent. La lutte contre l'invasion des dunes littorales a commencé dès la fin du xviiies. On dispose des lignes de claies pour protéger les végétaux que l'on plante, le plus souvent des oyats; après cette première fixation, on plante des pins maritimes. C'est l'ingénieur Nicolas Thomas Brémontier (1738-1809) qui entreprit les travaux grâce auxquels les dunes landaises furent ainsi fixées à la fin du xixes.. Un tel arrêt n'est jamais définitif ; un incendie, une exploitation intensive de la forêt peuvent entraîner une reprise de la migration des sables.

En dehors de la Terre, on observe des dunes à la surface désertique de la planète Mars.