didascalie
(grec didaskalia, enseignement)
Dans le théâtre antique, indication donnée à un acteur par l'auteur sur son manuscrit.
Le terme « didascalie », plus précis que celui d'« indication scénique », comprend tout ce qui n'est pas prononcé par les personnages dans une œuvre théâtrale, y compris leur nom en tête des répliques. Les didascalies sont donc des notations concernant le personnage (ses gestes, le ton de sa voix, son costume) ou le décor sonore, c'est-à-dire la musique de scène et le bruitage. Parfois les didascalies ont un caractère redondant, car l'information qu'elles contiennent est présente dans le dialogue : elles fonctionnent alors comme un procédé d'insistance. Elles apportent le plus souvent une indication qui n'est pas dans le dialogue (lorsqu'elles renseignent sur l'éclairage, par exemple). Ce sont des notations rapides (du type « noir-lumière »). Il en est de même quand elles indiquent le déplacement des personnages sur le plateau, leurs entrées et leurs sorties, ou certains de leurs gestes.
Constitué de deux niveaux d'écriture – le dialogue et les didascalies –, le texte dramatique s'offre donc à nous dans son aspect composite. Le discours des didascalies est la présence d'une instance supérieure dans le texte, celle de l'auteur, qui règle paroles et mouvements. Les didascalies sont indispensables à la compréhension du texte de théâtre. Certains passages d'Aristophane, de Plaute ou de Térence qui n'en comportent pas demeurent difficiles à interpréter. Les didascalies sont des directions de mise en scène que nous livre l'auteur lui-même. Selon Diderot, « la pantomime [Diderot entend par là les indications scéniques] est le tableau qui existait dans l'imagination du poète, lorsqu'il écrivait et qu'il voulait que la scène montrât à chaque instant, lorsqu'on le joue ».
Depuis le xviiie s., les didascalies sont de plus en plus abondantes. L'importance attachée, depuis le drame bourgeois, à l'espace scénique, tant par les scénographes que par les auteurs dramatiques, a profondément modifié l'écriture. Le discours didascalique, quasi inexistant antérieurement, tend à devenir autonome. Moyen pour l'auteur de communiquer sa vision mentale, il joue le rôle de la description dans le roman. Dans le théâtre contemporain, depuis les années 1950, où les auteurs dramatiques donnent au corps du personnage une place prépondérante, qu'il s'agisse de Beckett, de Ionesco, de Genet ou de Vauthier, les didascalies destinées à décrire le corps et les gestes par lesquels il se manifeste occupent une place tout aussi importante que le dialogue. Parfois même, dans les mimodrames, où la parole disparaît, elles constituent à elles seules le texte.