bataille des Éperons d'or ou bataille de Courtrai
(11 juillet 1302)
Bataille qui opposa, le 11 juillet 1302 à Courtrai, les milices flamandes à l'armée du roi de France, Philippe IV le Bel.
1. La révolte de Gui de Dampierre
Philippe II Auguste était parvenu, en 1214, lors de la bataille de Bouvines, à asseoir le pouvoir des Capétiens sur la Flandre. Depuis, les bourgeois de la riche province s'étaient accommodés de l'autorité du roi de France, lointaine et légère, qu'ils préféraient à celle du comte de Flandre Gui de Dampierre, trop intéressé aux affaires économiques de ses cités. Une alliance s'était ainsi peu à peu tissée entre le Capétien et les bourgeois des villes drapières, au détriment du comte. De multiples incidents émaillèrent les relations entre ce dernier et son suzerain.
À la fin du xiiie siècle, le comte de Flandre, fort de l'alliance du roi d'Angleterre, Édouard Ier, se rebella contre le roi de France, Philippe IV le Bel. Le 20 janvier 1297, il se déclara « délié, et absous, et délivré de tous liens » d'avec le roi de France. Dès l'été, les Français entrèrent en campagne et s'emparèrent sans difficulté des villes flamandes, les alliés du comte ayant pour la plupart refusé de s'engager à ses côtés ou, tel le roi d'Angleterre, n'ayant apporté qu'une aide militaire très modeste, et en tout cas insuffisante. Gui de Dampierre et ses fils parvinrent à conserver ou à reprendre Damme, Ypres, Douai et Gand, mais, en 1300, ils furent faits prisonniers par Charles de Valois, le frère de Philippe le Bel, et furent exilés en France, dans divers châteaux où ils furent forcés de résider. Philippe le Bel nomma Jacques de Châtillon pour gouverner le comté en son nom.
2. Les mâtines de Bruges (18 mai 1302)
En 1301, afin de mater une révolte des Brugeois contre leurs échevins, accusés d'être des partisans de la France – des « léliaerts » en flamand –, Châtillon occupa Bruges, lui retira ses privilèges, l'obligea à démolir ses remparts, tandis qu'une garnison française occupait la ville. Les Brugeois, sous l'influence d'un agitateur hostile aux Français, De Coninck, et de Guillaume de Juliers, un parent de Gui de Dampierre, se laissèrent gagner par la rébellion. Cependant, l'arrivée de l'armée française, commandée par Châtillon le 17 mai, sembla ramener l'ordre, les Français promettant de ne pas exercer de représailles. À l'aube du 18 mai, De Coninck rassembla ses partisans et, profitant que les soldats français dormaient encore, en fit assassiner une centaine, la plupart parvenant à s'enfuir ou payant rançon pour avoir la vie sauve.
3. La bataille de Courtrai (11 juillet 1302)
Les Français envoyèrent aussitôt une nouvelle armée pour châtier les Flamands rebelles. Les adversaires se rencontrèrent à Courtrai, le 11 juillet 1302. Les milices flamandes étaient composées de gens du peuple, d'artisans, de paysans, auxquels il faut ajouter des chevaliers et des Templiers. Guillaume de Juliers cacha une partie de son armée derrière un fossé. Les Français, certains de la victoire, avaient divisé leur armée en trois corps commandés par Robert d'Artois, le connétable Raoul de Nesles et Châtillon. Les Flamands se débandèrent dès les premiers chocs avec les piétons français, et les chevaliers s'élancèrent alors, mais chutèrent bientôt dans les fossés où était dissimulée une partie des troupes flamandes. Les Flamands se précipitèrent alors sur les chevaliers, empêtrés dans leurs armures, et, ne s'intéressant pas aux rançons promises, les tuèrent. De prestigieux chevaliers français trouvèrent la mort au cours du combat : Pierre Flote, Raoul de Nesles, Robert d'Artois, Jacques de Châtillon. « Là, on put voir toute la noblesse de France gésir en de profonds fossés, la gueule bée et les grands destriers, les pieds amont et les chevaliers dessous », affirme une chronique artésienne. Les milices flamandes retirèrent aux chevaliers les éperons d'or qu'ils portaient – donnant ainsi son nom à la bataille – et les offrirent à Notre-Dame de Courtrai.
4. Mons-en-Pévèle (18 août 1304)
Philippe le Bel ne tarda pas à punir les Flamands, lors d'une campagne aux opérations de laquelle il prit une large part. Le 18 août 1304, les Flamands subirent une défaite décisive à la bataille de Mons-en-Pévèle. Puis, par le traité d'Athis-sur-Orge, la France laissait Lille et Douai à la Flandre, mais imposait la destruction des enceintes de ces villes, de Gand, de Bruges et d'Ypres, ainsi qu'une amende de 400 000 livres payables en quatre ans. Les Brugeois furent particulièrement visés par le traité, qui les obligeait à envoyer trois mille d'entre eux – soit un dixième des habitants de la ville – en pèlerinage, ce qui représentait une dépense énorme aboutissant à affaiblir, sinon ruiner, la cité. En 1307, les pèlerinages furent remplacés par une amende de 300 000 livres.
La bataille des Éperons d'or est devenue, au xixe siècle, le symbole de la lutte des Flamands contre les Wallons francophones.
Pour en savoir plus, voir l'article Philippe IV le Bel.