aracées
Famille de plantes (classe des Monocotylédones, 120 genres, 3 500 espèces) voisine de celle des Lemnacées, surtout caractérisée par son inflorescence comprenant une grande bractée (spathe), de couleur plus ou moins vive suivant les espèces, entourant un axe central, charnu, non ramifié (spadice), sur lequel les fleurs sont rassemblées en épi.
Plantes vivaces à souche tubéreuse ou rhizomateuse, les Aracées sont le plus souvent herbacées ; mais leur port est extrêmement varié, puisque l’on trouve aussi bien des petites plantes (Anthurium, Arum) que des lianes (Philodendron, Monstera), et même certaines espèces qui ont un semblant de tronc (Colocasia). Cette famille vit ordinairement dans des endroits humides, voire dans les milieux marécageux ou aquatiques des régions tropicales des deux mondes ; mais elle est aussi représentée en France par une dizaine d’espèces groupées en cinq genres, dont le plus important est l’Arum. La biologie florale du genre Arum est particulièrement curieuse. En effet, Garreau a pu constater une élévation de température de 8 °C de l’air intérieur de la spathe par rapport à l’extérieur, à la suite de l’échauffement des organes sexuels lors de leur maturation. Cette élévation de température est liée à une grande absorption d’oxygène. D’autre part, la disposition des fleurs en anneaux concentriques s’étageant sur la partie inférieure du spadice (de bas en haut : fleurs femelles fertiles, fleurs femelles stériles, fleurs mâles fertiles et enfin fleurs mâles atrophiées, ces dernières disposées au niveau de l’étranglement de la spathe) fait que les Insectes qui effectuent la pollinisation croisée sont momentanément pris au piège. En effet, les fleurs mâles stériles permettent le passage jusqu’aux fleurs femelles inférieures, qui seront sexuellement prêtes avant les fleurs mâles ; mais elles interdisent la sortie, du moins jusqu’à ce que les fleurs femelles soient fécondées, car les fleurs mâles, alors mûres, se flétrissent, redonnant liberté aux visiteurs ; lors de cette sortie, ces derniers se rechargent en pollen et peuvent ainsi assurer une nouvelle fécondation croisée.
De nombreuses espèces ont été choisies et sélectionnées par les horticulteurs comme plantes ornementales. Les Anthurium (600 d’Amérique tropicale) sont remarquables par leurs feuilles et leurs inflorescences. Ces plantes sont maintenant très employées pour la décoration des serres et même des appartements, car elles sont vigoureuses pourvu qu’elles vivent dans un sol acide et un milieu humide avoisinant 15 °C. Un autre groupe de plantes, également curieux par la découpure de ses feuilles, est celui de Monstera (20 espèces en Amérique tropicale). M. deliciosa, plus connu quand il est jeune, dans le commerce, sous le nom de Philodendron, est une plante très vigoureuse, à grosses tiges lianiformes, très décorative, grâce à ses énormes feuilles découpées en lanières et même perforées. Les vrais Philodendrons (100 espèces d’Amérique tropicale) sont aussi des arbustes sarmenteux très fréquents dans les jardins d’hiver ; vivant à l’état sauvage dans les sous-bois, ils acceptent assez facilement l’ambiance peu lumineuse de nos appartements.
D’autres plantes bien connues appartiennent à cette famille : les Colocasia à rhizomes plus ou moins dressés, originaires d’Asie tropicale, sont surtout remarquables par la diversité de leurs feuilles, et sont très fréquentes dans les serres ; les Zantedeschia d’Afrique du Sud sont les « arums » de nos fleuristes. Il faut aussi citer Amorphophallus titanum d’Indo-Malaisie, dont la fleur énorme (spadice de près de 1,50 m de long) sort de terre avant l’unique feuille de plusieurs mètres de haut. Enfin, n’oublions pas les petits Arums qui peuplent nos sous-bois frais (A. maculatum, A. italicum à petites spathes blanches ou jaune verdâtre), ni les grands Arums des rocailles sèches de la région méditerranéenne, à spathe vert foncé ou violette, avec un gros spadice de plusieurs décimètres de long.
L’intérêt alimentaire des plantes de cette famille est assez faible, puisque seul le fruit de Monstera deliciosa est consommé, ainsi que certains rhizomes de Colocasia (taros), riches en amidon.