afrikaner

Se dit des individus de race blanche, nés en Afrique du Sud et parlant l'afrikaans. (Synonyme : afrikaander.)

Les Afrikaners ou Afrikaanders sont les descendants des premiers colons arrivés en Afrique du Sud au xviie siècle : des Hollandais, des Allemands, des huguenots français et autres colons européens non britanniques. On compte également parmi eux tous les descendants d'immigrants arrivés en Afrique du Sud au fil des siècles et qui partagent leur héritage culturel et leur langue.

Après avoir longtemps adopté un mode de vie rural, les Afrikaners se sont installés dans les villes après la Première Guerre mondiale et sont devenus en 1948 l'une des forces politiques les plus influentes de l'Afrique du Sud. Ils représentent aujourd'hui environ les deux tiers de la population blanche du pays, mais seulement un huitième de la population totale.

Étymologie

Au xviie siècle, le mot Afrikaander désignait les indigènes. Au début du xviiie, on a employé le terme Afrikaner pour parler des colons blancs nés en Afrique du Sud et les différencier ainsi des immigrants nés en Europe. Au xixe siècle, le terme désignait les Sud-Africains de descendance hollandaise, tandis que Boer (« paysan » en hollandais) était réservé aux Afrikaners des républiques boers : l'État libre d'Orange et la République sud-africaine (→ Transvaal). Au xxe siècle, alors qu'une grande partie de la population s'était installée dans les villes, le mot Boer finit par disparaître pour laisser place à nouveau à celui d'Afrikaner.

L'évolution de la population afrikaner

Les Afrikaners se sont implantés en Afrique du Sud à l'époque où la Compagnie hollandaise des Indes orientales régnait sur Le Cap (1652-1795). On estime que leur population était alors composée de 50 % de Hollandais, 27 % d'Allemands, 17 % de huguenots français et 6 % de représentants d'autres nationalités. L'éloignement de leur pays d'origine, le repliement sur soi dû à l'avancée des frontières et la fin de l'immigration après 1707 expliquent le regroupement de ces différentes communautés qui adoptèrent l'Afrique du Sud comme patrie.

Malgré la prospérité de la colonie du Cap, la saturation du territoire agricole incita les Afrikaners à se déplacer vers l'intérieur des terres et à s'organiser de façon plus indépendante. Cette migration, qui date du début du xviiie siècle et marque le départ de pasteurs nomades vers de nouvelles contrées, fut mise en péril par de nombreux affrontements avec les tribus bantoues, venues d'Afrique centrale. Durant cette période, les Afrikaners durent constamment s'opposer aux tentatives de la colonie du Cap visant à faire obstacle à leur progression ou à contrôler leur commerce.

L'identité afrikaner

Par tradition, les Afrikaners sont républicains. Leur foi calviniste héritée de leurs ancêtres néerlandais, la notion de l'« élu », ainsi que d'autres idées empruntées à l'Ancien Testament les ont influencés d'un point de vue spirituel et social. Aujourd'hui, plus des trois quarts des Afrikaners appartiennent à l'Église réformée hollandaise.

Depuis toujours, les Afrikaners calvinistes distinguent les chrétiens des païens ; durant la seconde moitié du xviiie siècle, cette distinction a progressivement pris la forme d'une opposition des Blancs contre les non-Blancs. La plupart des Afrikaners rejetaient les relations inter-raciales et l'égalité des races. Ils étaient de fervents partisans de la différenciation des ethnies, ainsi que de la ségrégation, nommée plus tard apartheid. Ces pratiques racistes sont apparues pour la première fois à l'époque des premières migrations des Boers vers le nord du pays (→ le Grand Trek).

Le nationalisme afrikaner

À la fin des guerres napoléoniennes, la province du Cap passe sous administration britannique. En désaccord avec de nombreuses mesures prises par les Anglais, telle l'abolition de l'esclavage, ce sont plus de dix mille Afrikaners qui partent vers le nord du pays lors du Grand Trek débuté en 1834. Progressant vers le Natal et les steppes sud-africaines, ils finissent par fonder la République sud-africaine du Transvaal (en 1852) et l'État libre d'Orange (en 1854). L'Afrique du Sud se divise ainsi rapidement en deux territoires : le Nord républicain et le Sud colonial. Les tentatives britanniques de confédérer ces républiques par la force aboutissent en 1880 à la première guerre des Boers. Dans les années qui suivent, l'hostilité s'accentue. La découverte de mines d'or et de diamants dans le Transvaal attire de nombreux aventuriers étrangers (les Uitlanders) qui s'installent dans des villes nouvelles gérées par de grandes compagnies et par le gouvernement britannique. Ce conflit d'intérêts provoque la seconde guerre des Boers (la guerre sud-africaine, de 1899 à 1902). Il trouvera sa conclusion le 31 mai 1902 dans la ratification du traité de paix de Vereeniging qui ordonne la reddition immédiate des deux républiques boers. Les Boers, désormais soumis à la souveraineté britannique, obtiennent cependant la promesse d'une future indépendance politique.

Cette victoire anglaise a pour effet de renforcer le nationalisme des Afrikaners. En 1904, la mort en exil de Paul Kruger, le président de la République sud-africaine, ranime la fibre nationaliste. Le souvenir du Grand Trek et des guerres contre les Britanniques, pierres angulaires de la tradition et de la conscience nationale, donnera un second souffle à l'unité culturelle des Afrikaners durant le XXe siècle.

Les Afrikaners et le pouvoir politique

Lorsque l'Union sud-africaine est établie, en 1910, les Afrikaners forment leur propre parti politique : le Parti sud-africain, dirigé par les généraux Louis Botha, Jan Smuts et James Hertzog. Mais Hertzog fait sécession en 1913 pour fonder le National Party qui rejette la coalition avec les Britanniques et ravive les idéaux républicains. Tandis que perdure la rivalité entre Boers et Anglais, Hertzog devient Premier ministre en 1924. En décembre 1934, le Parti sud-africain de Smuts et le National Party fusionnent pour former le Parti uni, puis se scindent en 1939, date à laquelle Smuts devient à son tour Premier ministre jusqu'en 1948.

Dès 1948, sous la direction du Premier ministre Daniel François Malan et de ses successeurs, le National Party décrète l'apartheid et mène une politique de séparation des communautés ethniques. En 1961, le Parti nationaliste organise un référendum qui engendrera la proclamation de la République d'Afrique du Sud et la scission avec le Commonwealth, très opposé à la politique de l'apartheid. Le 31 mai de cette même année, Charles Swart est nommé président de la République.

Bien que les Afrikaners soient les principaux opposants à l'abolition de l'apartheid, la majorité d'entre eux soutiendront les réformes amorcées par le référendum de 1992.