Suède : les activités économiques
Le « modèle suédois » alliant croissance et redistribution a été préservé grâce à la pérennité du consensus social et politique sur ses principaux fondements malgré une augmentation du chômage. La solidité des finances publiques et le maintien d'un système de protection sociale généreux et rationalisé ont pu être ainsi conciliés. Grâce à la faible dépendance énergétique – recours au nucléaire et aux énergies renouvelables (plus de 66 % de la consommation finale brute d'énergie, 83 % pour l'électricité et 30 % dans les transports en 2022, part la plus élevée au sein de l'UE) – ainsi qu'aux exportations à l'extérieur de l'UE (produits pharmaceutiques, appareils électriques, automobile…), les échanges commerciaux sont excédentaires. Après la récession de 2009 (-4,3 %, la plus forte depuis 1945) et un léger déficit budgétaire de 2009 à 2015, le pays a connu une vigoureuse reprise et son faible endettement public (qui a toutefois augmenté) l'a tenu à l'écart de la crise des dettes souveraines en Europe. Malgré tout négative en 2012 (- 0,6 %), la croissance a repris avant de ralentir (1,3% en 2019).. Optant pour une politique sanitaire atypique; mais controversée, face à la pandémie de Covid–19 avec un confinement très souple de la population, la Suède n'échappe pas à la récession en 2020 (-2,2 %) avant une reprise de plus de 6% en 2021. Une contraction est attendue en 2023 (estimée à — 0,5 %) tandis que l'inflation —en partie due à la guerre en Ukraine qui incite par ailleurs la Suède à poser sa candidature (avec la Finlande) à l'entrée dans l'OTAN — décélère progressivement.
● agriculture : 2,0 %
● mines et industries : 18,2 %
● services : 79,9 %
● agriculture : 1,46 %
● mines et industries : 24,0 %
● services : 74,54 %
1. Une économie solide
Pratiquement autosuffisant en produits agricoles, le pays a une économie urbaine et industrielle basée sur l'exploitation des forêts, des mines de fer et des ressources hydrauliques. Grâce à la faible dépendance énergétique – recours au nucléaire (42 % de son électricité) et aux énergies renouvelables – ainsi qu'aux exportations à l'extérieur de l'Union européenne (produits pharmaceutiques, appareils électriques, automobile...), les échanges commerciaux sont excédentaires. Le modèle suédois alliant croissance et redistribution a été préservé grâce à la solidité du consensus social et politique sur ses principaux fondements malgré une augmentation du chômage (environ 8 %). La solidité des finances publiques et le maintien du système de protection sociale ont pu ainsi être conciliés.
1.1. L'agriculture
Si seulement 7 % du territoire sont cultivés, l'agriculture scientifique, la fertilisation des sols et la mécanisation permettent une bonne productivité, et ce en dépit de la pauvreté du sol, d'une topographie difficile et d'une courte saison végétative. L'agriculture est intensivement développée dans les basses plaines méridionales, et tout particulièrement dans les plaines fertiles de la Scanie.
Les activités liées à l'élevage (orge, viande, lait, etc.) sont prédominantes. Les principales cultures sont le blé, l'orge, l'avoine, la pomme de terre, le seigle et la betterave à sucre. Enfin, la Suède est le premier producteur mondial de peaux de fourrure, surtout de vison.
1.2. La pêche
La pêche fait appel à une longue tradition surtout aux alentours de Göteborg. Mais les prises proviennent surtout de la Baltique (harengs) ainsi que des pêches plus industrielles de la mer du Nord. Les autres poissons sont le sprat, la morue, la truite et le maquereau.
1.3. Les ressources naturelles, base des industries traditionnelles
Le développement de l'industrie minière, forestière et de l'énergie hydroélectrique a permis la transformation de la Suède, pays agricole pauvre, en une nation industrielle moderne. Les ressources naturelles ont jeté les fondements de l'industrie orientée vers l'exportation. Dans les années 1980, la Suède était l'un des pays les plus industrialisés d'Europe.
La récession des années 1990 a fait chuter son taux de croissance. Bien que confronté à une concurrence de plus en plus dure, le pays bénéficie de la qualité de ses matières premières et d'une main-d'œuvre qualifiée. En revanche, certains secteurs traditionnels, comme les mines, la sidérurgie, le textile, les chantiers navals ou encore le bâtiment – entre 1990 et 1994, le nombre de salariés de cette branche a baissé d'environ 25 % – ont perdu de leur importance. D'autres, telle l'agroalimentaire, demeurent des composantes essentielles de l'économie nationale, mais ne jouent pas un grand rôle à l'exportation.
1.4. La prédominance de la sylviculture
La Suède possède la plus grande réserve de bois de construction de l'Europe de l'Ouest (68 % de son territoire). Les produits forestiers – bois de charpente et papier – assurent l'essentiel des exportations agricoles et 18 % des exportations nationales. Les régions les plus productrices sont les hautes terres et, surtout, le Småland. Les usines sont concentrées le long du littoral du golfe de Botnie, où elles utilisent les ressources hydrauliques des nombreuses rivières. La sylviculture suédoise est hautement mécanisée et automatisée. Afin de réduire les frais de transport, la plupart des scieries sont situées dans les zones forestières ou à proximité. Plus de 70 % de la production est exportée et la Suède se place au deuxième rang mondial, après le Canada, pour l'exportation des sciages de conifères. De plus, le pays est le troisième exportateur mondial de pâte à papier et de papier, 80 % de ses ventes étant destinés aux États de l'Union européenne.
1.5. Une industrie minière en déclin malgré d'abondantes ressources
La production minière joue un rôle très important à la fois pour la consommation intérieure et pour le commerce international. Mais, en dépit de sa tradition séculaire, l'industrie extractive a vu son importance relative décliner depuis le milieu des années 1970. La Suède est le premier producteur de fer – les gisements sont localisés au centre et dans le nord du pays, notamment à Kiruna et à Malmberget –, de plomb, d'argent et d'or de l'Union européenne. Elle est au second rang pour le cuivre et au troisième rang pour le zinc.
1.6. Une dépendance énergétique croissante
La Suède est riche en ressources hydrauliques, qui lui permettent de produire environ 47 % de son électricité. L'évolution de la consommation énergétique a cependant favorisé le développement du nucléaire qui fournit désormais 51 % de la production d'énergie. Après la catastrophe de Tchernobyl, le pays a pris la décision d'abandonner l'atome au xxie s., la récession économique ayant différé ce programme, même si le royaume tente de développer les énergies alternatives. Enfin, la dépendance vis-à-vis des produits pétroliers a été renforcée.
2. La diversification industrielle orientée vers l'exportation et la recherche
L'économie suédoise est très diversifiée du fait de sa dépendance extérieure. Les industries traditionnelles, qui reposent sur les deux ressources les plus importantes – le minerai de fer et le bois – continuent de jouer un rôle primordial, mais les constructions mécaniques et divers secteurs de haute technologie ont acquis du poids. Il s'est opéré un glissement des industries de base vers la production d'un éventail plus large de biens exigeant une main-d'œuvre hautement qualifiée. L'orientation actuelle privilégie les technologies nouvelles dans les domaines de l'ingénierie, de l'équipement de transport et de l'environnement. Peu de pays de la taille de la Suède ont ainsi leurs propres industries aéronautique et nucléaire, plusieurs constructeurs automobiles nationaux, un secteur militaro-industriel d'avant-garde, une industrie de télécommunications de haute technologie et deux puissants groupes pharmaceutiques. Les grands centres industriels sont Stockholm, Göteborg, Linköping, Malmö et Trollhättan. Les principaux secteurs en valeur au début des années 1990 sont les équipements de transport, l'agroalimentaire, la papeterie, les machines, la métallurgie, les produits dérivés du bois, la pharmacie et la construction électrique. Les constructions mécaniques représentent 47 % de la valeur ajoutée industrielle totale et emploient 350 000 salariés. Elles se concentrent dans le sud et le centre de la Suède et comprennent plusieurs des grandes entreprises industrielles du pays. L'industrie automobile, avec les constructeurs Volvo et Scania, en est le secteur le plus important.
La Suède est, après l'Allemagne, le plus important centre européen de production pour les véhicules lourds et les voitures haut de gamme.
L'industrie chimique est l'un des principaux employeurs (14 000 employés), mais elle n'exporte qu'une partie assez réduite de sa production. Bien que des secteurs de haute technologie, tels l'informatique, l'électronique et les techniques médicales, jouent un rôle relativement modeste dans la production industrielle, la Suède se classe, en pourcentage du produit intérieur brut, parmi les premiers pays du monde dans le domaine de la recherche-développement.
Celle-ci se concentre à 80 % dans les secteurs du matériel de transport, de l'électrotechnique, des produits pharmaceutiques et des machines, et concerne un petit nombre de grandes entreprises, avec en tête de liste ABB, Ericsson et Volvo.
3. Un commerce extérieur vital mais encore fragile
Le commerce extérieur est crucial pour la Suède, qui est membre de l'Association européenne de libre-échange (A.E.L.E.), de l'Union européenne et de l'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.). Sa part dans le commerce mondial est d'environ 1,5 %. Les exportations représentent 40 % du produit intérieur brut, et leur progression au cours des dernières années est un facteur clé du redressement économique du pays. Jointes au manque de dynamisme de la consommation, elles ont contribué à une nette amélioration de la balance des échanges. L'industrie mécanique fournit plus de la moitié des exportations de marchandises, l'électronique, les communications et l'informatique, 15 %. L'ancienne dépendance vis-à-vis des exportations de matières premières – produits forestiers et minerai de fer – s'est donc réduite.
Les principaux partenaires de la Suède sont l'Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Norvège, le Danemark, la France, les Pays-Bas et la Finlande. Les États membres de l'Union européenne reçoivent environ 60 % des exportations suédoises et fournissent 70 % des importations. Leur part s'est accrue depuis l'entrée de la Suède dans l'Union européenne, en 1995. Mais les marchés d'exportation les plus dynamiques se situent en Europe de l'Est, en Amérique du Nord et en Asie.
4. Les régions et l'aménagement du territoire
4.1. Le Norrland
Le Norrland est une région à vocation touristique, qui possède aussi des ressources naturelles nombreuses : bois, eau, mines.
4.2. La Suède centrale
La Suède centrale est une dépression lacustre, axe vital de la Suède qui réunit la façade occidentale du Cattégat avec Göteborg à la Baltique, par le canal de Göta. C'est aussi cette région, et spécialement le Bergslag, qui est le berceau de la vie industrielle suédoise. Les industries sont réparties dans des villes de moyenne importance. Deux grandes métropoles contrôlent chaque extrémité de cette région, Göteborg et Stockholm. Cette zone est aussi une bonne région agricole.
4.3. La Suède méridionale
La Suède méridionale, comprend le Småland, qui est voué surtout aux forêts et à l'élevage, et les îles de Gotland et d'Öland, qui ont un climat plus sec et une aridité renforcée par des sols calcaires. La Scanie, près des grands axes de circulation (Hälsingborg face au Jylland, Malmö face à Copenhague, Trälleborg face à l'Allemagne), est le site privilégié pour l'implantation de nouvelles industries.
Pour en savoir plus, voir les articles Géographie physique de la Suède et Population de la Suède.